Vortex

Chorégraphie : Phia Ménard

Distribution : Phia Ménard

Musiques : Ivan Roussel d’après l’œuvre de Claude Debussy (L'après-midi d'un faune)

ph.Jean-Luc-Beaujault

Dix ans sont passés depuis la création de Vortex et cette pièce de Phia Ménard n’a pas vieilli du tout ; au contraire, elle suscite de l’émotion et de l’étonnement tout au long de sa durée. Le spectacle dure une heure, temps pendant lequel la chorégraphe, également interprète, met en scène différents états de corps et de matière mettant en jeux les concepts de pesanteur, légèreté, souffle, chair.

Le personnage corpulent qui ouvre la pièce, encombré dans ses mouvements à cause de son physique, se confronte à des « objets vivants » créés à partir de sacs en plastique qui prennent forme et s’envolent grâce à l’air soufflé par des ventilateurs placés autour de la piste circulaire qui constitue la scène. Leurs mouvements libres et légers dans l’air créent un espace dansant magique : au début on perçoit un solo et puis, au fur et à mesure, les objets se multipliant, des duos, des trios jusqu’à un groupe qui suit le rythme de la musique, la composition sonore d’Ivan Roussel d’après l’œuvre de Claude Debussy, L’après-midi d’un faune. Le public est émerveillé. Le contraste est fort entre la corporéité humaine et l’éphémère vitalité des autres objets dépendants du souffle de l’air, mais aucune ne prédomine sur l’autre.

La fascination induite par ces créatures si légères et libres entraîne un processus de transformation dans l’homme qui ouvrait la pièce : il commence à se libérer des différentes couches de vêtements qui englobent son corps. D’abord c’est le tour d’une énorme bâche noire qui, une fois abandonnée, s’anime grâce aux ventilateurs, s’imposant sur la piste de par son volume et son énergie comme une tornade. Puis d’une combinaison en plastique enlevée avec force, ce qui permet de commencer à entrevoir les formes d’un corps auparavant caché.

ph.Jean-Luc-Beaujault

Mais ce n’est pas fini : une dernière couche, un collant moulant est déchiré sans hésitation. Le contact avec sa peau est finalement atteint, suscitant l’étonnement de l’interprète même : il la touche comme si elle était un objet étranger, avec des gestes qui expriment à la fois un sentiment de découverte et de perte. Vortex est un voyage qui traverse plusieurs dimensions du vivant en nous permettant d’entrer en contact avec leurs formes, énergies et qualités. Et Phia Ménard est une excellente interprète pour ouvrir des questionnements sur tout ce qui nous entoure et qui nous caractérise comme êtres humains.

Jusqu’au 27 Novembre à Chaillot – Théâtre national de la Danse

Antonella Poli

 

 

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