Symphonie en C – Petite Mort – BoléroS

Chorégraphie : George Balanchine, Jiri Kyliàn, Maurice Béjart

Distribution : Les étoiles, les premiers danseurs et le Corps de Ballet du Théâtre La Scala de Milan

Musiques : George Bizet, W.A.Mozart, Maurice Ravel

Roberto Bolle, Boléro - ph.Brescia Amisano

Un très beau programme constitué de trois univers différents de la danse a clôturé la saison 2018/2019 du Théâtre La Scala de Milan.

Symphonie en C, créé par George Balanchine pour l’Opéra de Paris en 1947 exalte la tradition de la danse française. La musique, en quatre mouvements du jeune compositeur George Bizet, âgés de 17 ans quand il écrit la partition en 1855, valorise la chorégraphie riche de virtuosités et de pas de deux inspirés de la grande danse classique. Dès le premier mouvement, Martina Arduino et Nicola Del Freo ont enchanté le public, en saisissant avec leur danse les couleurs de la musique de Bizet.  Leurs ports de bras sont très élégants, ils dansent à l’unisson, régalant le public avec leurs arabesques. Le pas de deux de Nicoletta Manni et Marco Agostino, sur le deuxième mouvement, est très romantique et lyrique : ils marquent les notes de l’Adagio de manière intense et interprètent avec leur sensibilité chaque note. Ils s’abandonnent au thème musical. Dans les mouvements qui suivent, Gaia Andreano avec Christian Fagetti et Maria Celeste Losa, avec Mattia Semperboni, nous amènent vers le final enthousiasmant où la vivacité et le synchronisme de tous les danseurs s’intègrent à l’équilibre et la précision technique de leur performance.

La deuxième pièce de la soirée, Petite Mort de Jiri Kyliàn, reste un chef d’œuvre. Pièce sublime qui transporte, sur l’Adagio et sur l’Andante des concertos pour piano et orchestre n.23 et n.21 de W.A. Mozart, son cortège de mouvements allusifs à la sexualité. Chaque note est d’une certaine manière rendue « visible » par chaque mouvement, par chaque geste des danseurs. C’est comme par magie que le son « sine materia par excellence » se matérialise. Il faut souligner un autre aspect, celui lié à la sensualité que la pièce dégage. Cela renvoie directement au titre, Petite Mort, qui en français signifie aussi orgasme. En fait, le ballet se joue sur un plan extrêmement sensuel, délicat et subtil : l’harmonie des lignes et la grande fluidité des mouvements des corps des danseurs sont au sommet. Les six couples sur scène, Marta Gerani avec Daniele Lucchetti, Agnese di Clemente avec Andreas Lochmann, Paola Giovenzana avec Gioacchino Starace, Antonella Albano avec Antonino Sutera, Giulia Schembri avec Gabriele Corrado et Giulia Lunardi avec Massimo Garon, suivent la musique, leur gestuelle puissante est touchante.

Le Boléro de Maurice Béjart sur la musique universelle et intemporelle de Maurice Ravel clôt le programme. En 1928, sur la demande d’Ida Rubinstein, célèbre danseuse et actrice russe, le musicien français composa un boléro pour orchestre. C’est une musique d’un mouvement très modéré et constamment uniforme, tant par la mélodie que par l’harmonie et le rythme, ce dernier marqué sans cesse par le tambour. Le seul élément de diversité y est apporté par le crescendo orchestral.

Maurice Béjart précisa sa conception de l’œuvre musicale : « Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie – d’origine orientale et non espagnole – s’enroule inlassablement sur elle-même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore jusqu’à s’engloutir elle-même. »

L’étoile Roberto Bolle est sur la mythique table rouge. Le danseur montre une plus grande maturité dans l’interprétation de son rôle par rapport à sa performance de 2018 : l’expression de ses mouvements suit le crescendo de la musique, sa gestuelle est pregnante et il s’impose avec tout son corps sculpté. La danse chorale des danseurs qui l’entourent contribuent à rendre superbe le final de cette soirée!

Roberto Bolle, Boléro – ph.Brescia Amisano

Les étoiles, les premiers danseurs et le Corps de Ballet du Théâtre La Scala de Milan donnent rendez-vous à leur public à partir du 17 Décembre pour une nouvelle production : la raffinée et élégante Sylvia de Manuel Legris.

Milan, Théâtre La Scala, 22 Novembre 2019

Antonella Poli

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