Soirée créations
Chorégraphie : Jeroen Verbruggen et Vladimir Varnava
Distribution : Les Ballets de Monte-Carlo
Jean-Christophe Maillot interpelle deux jeunes chorégraphes pour présenter une soirée créations à l’Opéra de Monte-Carlo : il s’agit de Jeroen Verbruggen qui a déjà travaillé ces dernières années avec le Grand Ballet de Genève et de Vladimir Verdana, 28 ans, russe, rencontré à St. Petersbourg en 2015.
Jeroen Verbruggen reconstruit le ballet L’enfant et les sortilèges sur les musiques de Ravel dans un contexte historique indéfini, universel. Son langage chorégraphique est immédiat et il arrive à exprimer tous les sentiments les plus importants que le livret de Colette se propose de transmettre : peur, angoisse, envie de ne pas rester dans les cauchemars et en même temps désir de grandir et de devenir adulte. Dans ce vertige visionnaire, animé notamment par des animaux aux allures humaines, le protagoniste, l’ « enfant » est tout seul et c’est seulement grâce à l’imagination de l’enfance qu’il pourra surmonter les épreuves et s’éveiller sereinement au monde réel pour grandir. Le passage à l’âge adulte qui marque aussi la fin des rêves est bien rendu d’un point de vue scénographique dans le final du ballet. Au fond de la scène, une toile représentant le buste d’un homme qui, auparavant, permettait à des créatures animales de s’échapper, rêves de l’enfant, est fermé à l’aide de pansements.
Cette atmosphère noire trouve sa suite dans le Baiser de la fée de Vladimir Verdana. Ce ballet fut créé en 1928 par Bronislava Nijinska (Ballet Russes) sur les musiques de Strawinsky, et tire ses origines du conte d’Anderssen, La reine des neiges. Ce sujet ne résonne que de manière allusive, suggérant qu’un événement, simple et heureux, comme un anniversaire puisse agir comme instrument d’une transformation. En même temps, le rendre lisible et l’actualiser, nécessite de le dégager des atours magiques du conte pour le rendre de manière plus sombre et noir. C’est la transformation opérée par Verdana, qui se laisse transporter par son goût gothique. Les deux jeunes en pleine fête, se retrouvent entourés par des créatures diaboliques. La pièce ne connaît aucun moment d’apaisement, les lumières sont assombries et on ressent un désarroi profond. Le jeune talentueux chorégraphe aurait pu développer mieux les séquences chorégraphiques et l’expressivité gestuelle plutôt qu’utiliser seulement la puissance des costumes pour la construction d’un panorama obscur.
A l’occasion de ces deux nouvelles créations et jusqu’au 30 juillet, le public présent à la Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo a pu admirer le rideau de scène conçu par les artistes JR et Ernest Pignon-Ernest sur demande de Jean-Christophe Maillot.