Salves
Maguy Marin présente sa dernière création Salves, émouvante, riche et poétique.
A travers cette pièce aux scènes fragmentées, violentes et mouvementées, où tables et banquettes se défont, plats et objets se cassent, la chorégraphe propose de reconstruire une vie imaginaire, au rythme d’un projecteur de cinéma dont les images ne sont autres que les actions des danseurs. Tout se déroule sous les lumières de la nuit.
D’entrée, cette intention est rendue de façon poétique grâce à la présence sur scène d’un des interprètes, tenant un fil entre ses mains, essayant de retrouver, de reparcourir sur toute sa longueur une unité imaginaire. D’autres danseurs le suivent, chacun se laisse guider par ses souvenirs et par son vécu.
Après cette partie introductive, le chaos survient, les scènes se succèdent sans interruption dans une tension élevée, grâce à la vitesse et à l’intensité des images. Aucune ne cherche à transmettre un sens précis, il faut apprécier cette création dans son unité, dans l’homogénéité que la chorégraphe a su créer sur scène.
Le spectateur ne peut que suivre et se laisser transporter à travers ce puzzle de tableaux, en imaginant des correspondances avec ses propres expériences.
Maguy Marin provoque aussi en écrivant sur un tableau noir : » Quand on est dans la merde jusqu’au cou il ne reste plus qu’à chanter « , qu’ensuite elle fait recouvrir de posters d’Elvis Presley. Elle fait appel à la voix d’Alberto Sordi, mythe du cinéma italien pour évoquer ainsi une époque passée ou bien interpelle Fellini de la Dolce Vita quand elle fait voler sur le plateau l’hélicoptère qui emporte le Christ.
Maguy Marin s’apprête à quitter le Centre Chorégraphique de Rillieux-la-Pape.
Elle clôture toute une époque de son travail avec Salves, spectacle nostalgique mais qui ne tombe dans le désespoir. De nouveaux horizons s’ouvrent pour une chorégraphe qui n’a jamais cessé de renouveler son langage pour traduire en mouvements, de manière nue et immédiate, la psychologie, la vie et les sentiments humains.