Petrouschka, le clown

Chorégraphie : Kathryn Bradney et Igor Piovano

Distribution : Cie Igokat

Pasquale Alberico-Petrouschka-ph.Gregory Batardon

Kathryn Bradney et Igor Piovano, ex maîtres de ballet du Béjart Ballet, ont présenté à l’Espace Culturel des terreaux à Lausanne leur dernière création, Petrouchka le clown, avec leur compagnie, la Cie Igokat.  L’allusion au titre de l’historique ballet créé par Fokine en 1910, avec les musiques de Stravinsky et l’interprétation de Vaslav Nijinski dans le rôle de Petrouchka, est évidente.

Mais il ne faut pas s’attendre à une simple reprise de cet ancien chef d’œuvre. Certes, on retrouve ses personnages principaux, mais les deux chorégraphes y apportent leur regard contemporain et laissent aller leur imagination pour nous rendre une nouvelle lecture de l’histoire.

Cela passe d’abord par donner plus d’importance au monde du cirque : notamment, on retrouve la colonne sonore de La Strada de Nino Rota dans le film de Fellini qui côtoie celle de Stravinsky ; deux gymnastes superbes et deux acrobates intégrés aux danseurs, un décor contemporain composé par des structures lumineuses qui se substituent à une piste de cirque et le personnage de La Fille (Estelle Roux) qui, par surprise, entrera dans l’univers des circassiens.

Toutes ces nouveautés contribuent à mettre en avant une chorégraphie qui se distingue par sa conception mais surtout par son unité. Tous les changements de décor sont conçus soigneusement, les vidéos n’envahissent pas les mouvements des danseurs, au contraire elles les mettent parfois en valeur. C’est le cas du solo de La Magicienne (dans la version de Fokine un magicien) où Julie Lamby, qui l’interprète, apparaît sous la forme d’une figurine triplée grâce à un montage numérique. Un autre élément important est l’aspect poétique que cette pièce dégage.

Par exemple, Petrouchka (Pasquale Alberico) est un clown qui s’exprime seulement au travers de petits gestes ou de grimaces qui rendent expressifs les traits de son visage ; la transformation de La Fille qui devient une circassienne ne laisse pas de doute sur ses souhaits ; la défaite de Petrouschka ne pouvait être rendue de manière si originale et naturelle qu’avec la mise en scène d’un bras de fer entre le clown et le Maure.

Le langage néoclassique adopté par les deux chorégraphes s’enrichit d’une réflexion personnelle, qui montre une sensibilité à puiser dans des éléments cinématographiques tout en préservant la qualité de la danse. Le rideau se lève quand la tension et l’implication du public sont à leur maximum et l’on trouve presque dommage de voir la pièce se terminer si tôt. Un parti pris par Kathryn Bradney et Igor Piovano pour faire continuer à rêver…

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ph.Gregory Batardon

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