Näss
Chorégraphie : Fouad Boussouf
Distribution : Compagnie Massala
Après sa représentation à la Biennale de Danse du Val-de-Marne en avril dernier, la pièce Näss (Les Gens), de Fouad Boussouf, a été accueillie au Festival June Events. C’est un retour dans la région parisienne pour cette pièce qui a remporté un franc succès auprès du public. À la recherche d’un métissage entre différentes cultures, le chorégraphe explore les possibles chemins de cohabitation entre individus. Cela, en renouvelant la composition de la compagnie à chaque création, avec l’idée d’aller à la rencontre de nouvelles énergies créatrices d’émotions. La pièce a une origine personnelle. Le chorégraphe, originaire du Maroc, a beaucoup voyagé entre l’Afrique du Nord et l’Europe.
Il livre sa vision personnelle sur les contrastes existants entre ces deux continents en racontant avec son moyen d’expression le plus naturel, la danse, son expérience de voyageur, à la fois physique et intellectuelle. Pour aller plus loin, on retrouve aussi à la base une réflexion sur les connexions entre son enfance vécue au Maroc et son adolescence passée en France. Il aborde encore la problématique du monde arabe, commencée avec Trans en 2013 et qui se terminera en 2020 avec une nouvelle création, dernière volet d’un triptyque.
Pendant toute sa durée, Näss exprime toute la tension psychologique existant entre les populations, en se concentrant surtout sur la création d’une atmosphère urbaine et de rue. On retrouve l’esprit de danses guerrières et tribales, et Fouad Boussouf relève le défi en travaillant, pour la première fois, avec des danseurs exclusivement masculins.
Dès le début, les sept interprètes marquent leurs territoires avec une danse explosive, débordante d’énergie et de tension. Soutenus par les rythmes des musiques traditionnelles du Maroc, et dans la tradition gnawa, mystique et religieuse, ils expriment leurs vécus en mettant à nu leurs conflits. Les corps, symboles d’intériorités et de sensibilités différentes, se heurtent, s’apaisent, pour à nouveau se lancer dans la frénésie de leurs mouvements empruntés à la fois aux danses hip hop et contemporaines.
L’invitation au dialogue entre cultures, exprimée par la pièce, trouve sa correspondance dans l’attitude des danseurs qui eux-mêmes, entrent en confrontation avec leurs t-shirts, en essayant de les interroger, de les enlever, de les combattre. Un geste symbolique, qui renvoie au contact avec sa propre chair, dans une tentative d’éliminer toute différence de genre et de classe sociale.
Théâtre Aquarium, Festival June Events, 5 Juin 2019
Antonella Poli