Lucinda Childs Dance Company : Four New Works

Chorégraphie : Lucinda Childs

Distribution : Lucinda Childs Dance Company : Lucinda Childs, Robert Mark Burke, Katie Dorn, Kyle Gerry, Sharon Milanese, Map Pardo, Lonnie Poupard, Jr., Caitlin Scranton

ph.Alexandra Polina

Lucinda Childs est une des figures les plus importantes qui ont marqué la naissance et le développement de la danse moderne. Avec notamment les danseuses Trisha Brown et Yvonne Rainer, entourée d’artistes du calibre de John Cage, Jasper Johns, Robert Morris ou Robert Rauschenberg, elle fut un des piliers du Judson Dance Theater de New York aux débuts des années soixante.

Cela a été un grand plaisir de la retrouver à Chaillot – Théâtre national de la Danse, du 19 au 22 mars, avec quatre nouvelles pièces dont Géranium ’64, récréation de Geranium (1965), interprétée par l’artiste américaine elle-même.

The Four New Works

Dans Géranium ’64, attachée à un hamac par une corde, avec la piste sonore constituée de la diffusion radiophonique d’un match de football américain du championnat NFL de 1964, l’artiste simule les mouvements d’un joueur, inspirée par les actions décrites par le journaliste radiophonique. Cette source d’inspiration reflète l’esprit des expérimentations du Judson Dance Theater, tournées vers la recherche de gestes non conventionnels dans la danse, notamment ceux de sportifs ou des actes quotidiens comme la marche.

Lucinda Childs-Geranium ’64-ph.Alexandra Polina

Elle avance lentement sur scène, sous la tension de la corde qui freine son avancée. Dans ses mouvements lents et contrôlés, son corps se tend, s’incline en arche, comme pour attraper une balle. La silhouette de Lucinda Childs, enveloppée dans une combinaison grise d’aviatrice, se démarque sur la vidéo Day Still Night Again de l’artiste plasticien Anri Sala (2022), aux images abstraites et nuancées projetées sur le fond de la scène, ouvrant de multiples interprétations à la performance.

Les autres pièces de la soirée, Actus sur la cantata Actus tragicus (BWV 106) de Johan Sebastian Bach, Timeline sur la musique originale de la compositrice et violoncelliste Hildur Ingveldardóttir Guðnadóttir et Distant Figure sur la Passacaille pour piano éponyme de Philip Glass, rassemblent les éléments constitutifs du style chorégraphique de Lucinda Childs : la création de géométries spatiales  grâce aux placements des danseurs, parfois en opposition ou en miroir, ou bien en se croisant ; la rigueur musicale, qui oblige les interprètes à suivre le rythme et à compter en permanence ; la conception des structures chorégraphiques à partir de la construction de phrases précises marquées par des figures dansées qui se répètent au début de chaque séquence.

ph.Alexandra Polina

Le langage académique est très bien présent avec sa pureté des lignes, ce qui rend les ballets harmonieux et épurés. Par ailleurs, malgré la recherche expérimentale du Judson Dance Theater, « les artistes n’avaient jamais cessé de s’entraîner avec des exercices de danse classique », affirme Lucinda Childs lors du bord de plateau organisé dans la soirée du 21 mars. Le clin d’œil à Merce Cunningham est aussi très évident dans la relation à la musique, la chorégraphe ayant soutenu l’existence d’une musique sonore du corps au-delà de toute partition musicale externe.

Paris, Chaillot – Théâtre national de la Danse, 21 mars 2025

Antonella Poli

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