La Belle au bois dormant à l’Opéra national de Paris
Chorégraphie : Rudolf Noureev
Distribution : Sae Eun Park, Lorenzo Lelli, les premiers danseurs et le Corps de Ballet de l'Opéra de Paris
Musiques : Piotr Ilitch Tchaïkovski

La Belle au bois dormant-ph.Agathe Poupeney
« Quand je faisais mes premiers pas à Oufa, mon maître à danser – qui avait appartenu au Kirov – me disait toujours que La Belle au bois dormant était le « ballet des ballets ». Et j’en étais gourmand à l’avance. Le Kirov, plus tard, m’a fait découvrir la splendeur du festin.
La Belle au bois dormant de Tchaïkovski et de Marius Petipa représente en effet l’apogée du ballet classique : la danse s’affirme alors comme art majeur. Et cela constitue un événement historique : après La Belle, le ballet a pu attirer à lui les plus grands compositeurs qui n’ont pas hésité à travailler avec les chorégraphes ».
Ainsi s’exprimait Rudolf Noureev à propos de la Belle au Bois Dormant qu’il créa en 1966 au Théâtre alla Scala de Milan.
Le Ballet
Du 8 au 23 mars et du 27 juin au 14 juillet 2025 prochains, le « ballet des ballets » revient sur scène à l’Opéra Bastille après plus de dix ans d’absence. On reste enchanté par la somptuosité du décor et par toutes les variations classiques qui se succèdent tout au long du ballet. L’atmosphère du conte de Charles Perrault est au rendez-vous.
Tout en gardant la structure de la version originale créée par Petipa où la pureté de la danse académique est à son sommet, Noureev redonne à ce grand ballet du répertoire un nouvel élan, en l’enrichissant d’un point de vue théâtral, dramatique en mettant plus en avant les aspects psychologiques des personnages. Une nouvelle génération de danseuses et de danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris est prête à relever le défi pour ce monument de la danse.
Il ne s’agit donc plus d’un ballet illustrant le contraste entre les forces du Bien et du Mal. L’histoire entre la princesse Aurore et le Prince Désiré est plus profonde et leurs variations exaltent toute la virtuosité exigée par la chorégraphie.
Rudolf Noureev honore la danse à travers toutes les variations crées pour les six fées, des dentelles du mouvement.
Bien sûr, le chorégraphe, comme il avait fait pour d’autres de ses ballets, ne néglige pas de valoriser le rôle masculin du Prince Désiré, interprète principal du deuxième acte. Des soli lui sont réservés en attendant la rencontre d’Aurore. Le Prince Désiré fut la vraie surprise du soir du 28 mars. Le jeune sujet Lorenzo Lelli remplaçait l’étoile Paul Marque.
Le danseur, pas du tout impressionné par le rôle, s’est imposé en montrant de belles lignes classiques et la maitrise de la technique, en assurant son interprétation avec maturité. Il est sûrement un danseur à suivre car il a toutes les qualités pour gravir les échelons du Ballet de l’Opéra de Paris.
A ses côtés dans le rôle d’Aurora, l’étoile Sae Eun Park. Forte de toutes ses capacités pour assumer tous les éléments virtuoses du ballet, notamment dans le passage de l’Adage de la Rose. Elle a montré aussi ses qualités interprétatives, surtout dans les variations qui suivent le moment du réveil centenaire après le baiser du Prince Désiré. Étincelante, elle a évolué avec fraîcheur et spontanéité en réanimant tous les protagonistes en scène et en secouant le public.
L’éclat du spectacle ne cesse jamais du début à la fin grâce aussi aux figures symboliques conçues par Noureev pour enrichir le troisième acte où Aurore et le Prince célèbrent leur mariage. Les personnages de la Princesse Florine et de l’Oiseau bleu, ou des pierres précieuses, interprètes d’un élégant pas de cinq, ou bien encore le pas de deux drôle entre le chat botté et la chatte blanche amplifient le moment festif.

La Belle au bois dormant-ph.Agathe Poupeney
Les représentations de La Belle au bois dormant continuent jusqu’au 23 avril et ce conte dansé retournera sur les scènes de l’Opéra Bastille pour nous faire encore rêver à partir du 27 juin jusqu’au 14 juillet.
Paris, Opéra Bastille, 28 mars 2025
Antonella Poli
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