L.A.Dance Project
Chorégraphie : Benjamin Millepied
Distribution : L.A.Dance Project
Benjamin Millepied reste toujours attaché à Paris. Il est de retour dans la capitale française avec sa compagnie L.A.Dance Project au Théâtre des Champs Elysées du 29 janvier au 1er février , dans le cadre de la saison 2018-19 de Transcendanses.
A l’affiche un tryptique, dont une première française et une création mondiale ; le menu de la soirée est donc appétissant.
Effectivement, la L.A.Dance Project apporte un souffle de jeunesse et de liberté sur la scène du Théâtre des Champs Elysées. Cela est évident à partir de la première pièce, Homeward, très écrite et plutôt codifiée, mais qui réserve dans chaque passage dansé la présence d’une gestualité plus libre et moderne. Elle est créée sur la musique singulière en cinq temps Aheym de Bryce Cessner, qui casse avec la mesure habituelle à quatre temps. Les danseurs sont porteurs de l’idée que ce choix rythmique implique : montrer un certain état d’instabilité de l’homme qui se retrouve toujours à lutter contre ce que le devoir et ses propres aspirations lui imposent. Dommage que Homeward dure seulement une dizaine de minutes car la chorégraphie est réussie.
La deuxième pièce au programme, Orpheus Highway, s’appuie sur la révocation du mythe d’Orphée et Eurydice. La version de Pina Bausch est célèbre.
Benjamin Millepied actualise l’ancienne histoire en faisant danser ses interprètes en jeans et baskets, avec des mouvements totalement libres, et en projetant des vidéos d’images de rues et d’autoroutes perdues dans l’immensité des paysages américains. Ces sont les chemins parcourus par Orphée qui sont ainsi représentés symboliquement. Une danse moderne et pleine d’énergie suit le rythme de la musique Triple Quartet de Steve Reich pour violon et violoncelle, jouée en live. Avec une approche bien lointaine de celle de ses prédécesseurs, le chorégraphe humanise encore plus l’histoire, le sens dramatique étant vraiment présent dans le final.
La pièce phare de la soirée est la première mondiale Bach Studies (Part 2), la continuation des réflexions de Benjamin Millepied autour des structures techniques musicales de Bach (contrepoints, fugues, canons). L’approche est d’autant plus originale que le chorégraphe intègre aux partitions du musicien allemand la musique de David Lang, compositeur minimaliste. Le dialogue entre passé et modernité est bien réussi, comme d’ailleurs l’interprétation des danseurs qui, en solo, duos et trios, sont capable de rendre en images la finesse et l’intensité des musiques. Ceux-ci apparaissent très concentrés dans la recherche de gestes précis, surtout dans les solos, créant des liens stricts entre les sonorités et leurs mouvements.
La présence de la Passacaille en Ut mineur pour orgue marque le final. Le thème du suicide, au centre de Le Jeune et la Mort de Roland Petit sur cette même musique , y est présent, même si c’est de manière plus voilée. Bach Studies (Part 2) est une pièce complexe et bien articulée, avec des changements intéressants en ce qui concerne les différents langages et choix chorégraphiques employés.
Antonella Poli