Forellenquintett-Neither
Le Ballet Am Rhein sous la direction de Martin Schlapfer se produit pour la première fois au Théâtre de la Ville. Un événement presque exceptionnel pour ce théâtre parisien qui n’a pas l’habitude d’accueillir des compagnies de formation classique.
Composée de 48 danseurs, la troupe a présenté deux pièces.
La première, Forellenquintett, montre tout le niveau technique et la virtuosité des danseurs qui maitrisent l’utilisation des pointes dans un langage chorégraphique contemporain, démonstration de comment, encore aujourd’hui, la technique classique peut très bien s’intégrer à des créations actuelles.
La pièce est ludique et nous emporte dans un monde de contes ; on pourrait se croire dans la forêt d’un Songe d’une nuit d’été de Shakespeare où fées, feu-follets et personnages imaginaires font leurs jeux sur scène. Parmi eux, un rêveur solitaire, un poète qui traverse de temps en temps la scène avec ses énormes bottes en caoutchouc.
C’est un ballet qui tire toute sa force de l’exécution des solistes de la compagnie. En fait, la chorégraphie est composée surtout de solos et de duos, où les danseurs montrent leur habilité et leur technique dans des passages rapides et vivaces sur la musique de La Truite de Schubert.
La deuxième pièce, Neither, est complètement différente, plus méditative et profonde. D’après un opéra de Morton Feldman sur un texte de Beckett, elle décrit un univers de créatures perdues qui dansent parfois avec des gestes schizophréniques. C’est un changement de registre par rapport à la première pièce : ici on ne retrouve plus les pointes ni la technique classique.
La danse est à la fois collective et désordonnée, avec de nombreux passages au sol où les danseurs luttent et s’entrelacent. Ce sont les moments les plus touchants de la pièce. La valeur esthétique de celle-ci se retrouve dans l’expressivité d’une gestuelle nouvelle et lyrique, capable d’exprimer la douleur et la souffrance des protagonistes. Les lumières et la musique accompagnent la réussite de cette création.