De bon augure
Chorégraphie : Thomas Lebrun
Distribution : Raphaël Cottin, Anne-Emmanuelle Deroo, Thomas Lebrun, Yohann Têté
L’ornithologie et la recherche pour renouveler son vocabulaire de gestes dansés à partir de l’analyse musicale constituent deux points forts de la personnalité de Thomas Lebrun.
Le directeur du CCN de Tours les a réunies ensemble dans sa dernière création De bon augure présentée au Centre chorégraphique national de Tours du 3 au 7 Octobre dernier.
La pièce est marquée par quinze morceaux musicaux de différentes époques et style, du moyen âge à nos jours, certains inspirés de l’univers des oiseaux : Thomas Lebrun est rentré dans leurs sonorités et grâce à sa gestuelle il a fait ressortir leurs aspects rythmiques en les rendant en quelques sortes non seulement audibles mais aussi visibles.
C’est ainsi que la rigueur de la gestuelle du chorégraphe se marie à une grande sensibilité musicale, aucun passage des partitions ne lui échappe. Parfois la chorégraphie est plus linéaire, comme au début quand les quatre interprètes (Raphaël Cottin, Anne-Emmanuelle Deroo, Thomas Lebrun, Yohann Têté) défilent sur scène en faisant des aller et retour ; d’autres fois elle s’appuie sur des passages improvisés dominés par un fort synchronisme des interprètes et d’autres fois encore elle valorise l’expression du corps du danseur. C’est le cas de la métamorphose de Raphaël Cottin qui laisse disparaitre son corps humain, dans un oiseau blessé ou bien encore dans un cygne mourant.
L’inventivité et la subtile perception des harmonies musicales de Thomas Lebrun sont présentes tout au long de la pièce mais deux passages se remarquent particulièrement. Sur la musique Ständchen, S. 560 de Franz Schubert les quatre interprètes non seulement « dessinent » le rythme mais ils imprègnent aussi leurs gestes des émotions suscitées par la musique. Sur Trois Chansons, M. 69: Trois beaux oiseaux du paradis, un chant polyphonique, chaque danseur suit chorégraphiquement les notes vocales de chaque chanteur.
Mais Thomas Lebrun n’épargne pas à son public un moment de légèreté en interprétant la chanson Coucourroucoucou Paloma déguisé de la chanteuse Nana Mouskouri et assisté sur scène par Raphaël Cottin et Johan Têté.
Des costumes aux couleurs vivaces avec des imprimés notamment de perroquets et de plumes de paon deviennent les éléments décoratifs de la pièce et nous reconduisent à l’un de ses thèmes principaux, célébrer les oiseaux.
Créé pendant les mois du confinement du printemps 2020, De bon augure permet de s’envoler en réveillant nos sens.
CCN Tours, 4 Octobre 2020
Antonella Poli