Dans les pas de Noureev

Kader Belarbi, directeur du Ballet du Capitole de Toulouse ne se dément pas et donne encore une fois la preuve qu’il maintient un de ses objectifs fixés lors de sa nomination à la direction de l’institution toulousaine en 2012 : défendre la tradition du répertoire classique. Dans cette ligne, il a déjà repris lui-même pour sa compagnie Don Quichotte, Le Corsaire et Casse-Noisette.

Avec ce nouveau programme, Dans le pas de Noureev, il a voulu rendre hommage à la figure du génie classique dont on célèbre cette année les 80 ans de la naissance et les 25 ans de la disparition. Certes, d’autres grandes compagnies européennes n’ont pas manqué au rendez-vous pour célébrer la mémoire du chorégraphe russe (notamment le Ballet de l’Opéra de Vienne et La Scala de Milan), mais le choix de Kader Belarbi, ex étoile de l’Opéra national de Paris, se révèle particulièrement important car il montre toute sa cohérence.

Rudolf Noureev avait été directeur du Ballet de l’Opéra National de Paris de 1983 à 1989, année où il remarqua Kader Belarbi, nommé premier danseur ; pendant son mandat, il reprit pour la compagnie parisienne des grands classiques de Petipa, notamment Raymonda (1983), Le Lac des Cygnes (1984), Roméo et Juliette (1984), la Bayadère (1992) et créa Cendrillon (1986). Kader Belarbi, témoin direct de l’œuvre de Rudolf Noureev, choisit justement des extraits de ces ballets pour le célébrer. C’est aussi l’occasion de transmettre aux jeunes danseurs du Ballet du Capitole toute la richesse et la finesse technique qui caractérisent les versions du chorégraphe russe.

Deux grandes ex-étoiles de l’Opéra national de Paris qui avaient dansé les reprises de Noureev à Paris, Elisabeth Platel et Charles Jude, ont été invitées pour transmettre leur héritage d’interprètes à la compagnie toulousaine.

Dans le détail, Dans le pas de Noureev comprenait : le Grand Pas Classique du 3^ème acte de Raymonda, la scène du balcon du 1^er acte de Roméo et Juliette, le Pas de deux du 3^ème acte de la Belle au Bois dormant, le Pas de deux du 2^ème acte de Cendrillon, le Pas de trois du Cygne noir du 3^ème acte du Lac des Cygnes et le 3^ème acte, le Royaume des Ombres, de la Bayadère.

: Natalia de Froberville et Davit Galstyan, Raymonda-ph.David Herrero

: Katerina Shalkina, Le Lac des cygnes-ph.David Herrero

Ce programme a donné la possibilité de découvrir les quatre nouvelles étoiles du Capitole de Toulouse (à noter que ce titre n’existait pas auparavant à Toulouse) qui se sont emparées des rôles titres avec maîtrise: Natalia de Froberville et Davit Galstyan, Raymonda et Jean de Brienne dans Raymonda, Julie Charlet et Ramiro Gomez Samon, Nikiya et Solor dans la Bayadère. Avec le propos de faire grandir d’un point de vue artistique les danseurs de son Ballet, Kader Belarbi a confié à des danseurs solistes, demi-solistes et du Corps de Ballets l’interprétation de rôles autant importants. C’est le cas de Alexandra Surodeeva et Rouslan Savdenov, solistes, en tant que Juliette et Roméo ; Tiphaine Prévost et Philippe Solano, demi-solistes, en tant que la princesse Aurore et le Prince Désiré dans la Belle au bois dormant ; Florencia Chinellatto, demi-soliste, et Timofiy Bykovets, Corps de Ballet, dans Cendrillon ; Kateryna Shalkina, soliste, Minoru Kaneko, demi- soliste, et Jérémy Leydier, Corps de Ballet, en tant qu’Odile, Siegfried et Rothbart dans le Lac des Cygnes.

Julie Charlet et Ramiro Gomez Samon, La Bayadère-ph.David Herrero

On salue avec beaucoup de plaisir de telles initiatives qui demandent beaucoup d’engagement et de préparation technique, d’autant plus que le Ballet du Capitole de Toulouse, est en pleine phase d’évolution grâce au travail de son directeur. Le public toulousain a eu la chance de découvrir ou d’apprécier encore dans une seule soirée des pépites qui constituent un grand chapitre de la danse classique qui mérite d’être préservé.

Antonella Poli

Toulouse, Théâtre du Capitole, 20 Octobre 2018

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