Close-up de Noé Soulier
Chorégraphie : Noé Soulier
Distribution : Stéphanie Amurao, Nangaline Gomis, Yumiko Funaya, Samuel Planas, Mélisande Tonolo, Gal Zusmanovich
Musiques : Johan Sébastien Bach

ph.Delphine Perrin / Hans Lucas.
Close Up de Noé Soulier, créé lors du Festival d’Avignon en juillet 2024, est présenté au Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt dans le cadre de Chaillot Nomade du 11 au 13 mars.
La pièce
Le chorégraphe, directeur du CNDC d’Angers, a conçu une pièce qui s’articule sur trois plans : le premier consacré à la recherche et l’élaboration du mouvement ; le deuxième qui met l’accent sur les interactions entre la musique et le geste, et le troisième qui explore le rapport entre image dansée et image visuelle.
Noé Soulier choisit L’Art de la fugue, Contrepoints 1,2, 3, 9, 11 et 14 et la Sonate pour violon seul n.2 Andante de Johan Sébastien Bach comme partitions jouées sur scène par l’ensemble Il Convito dirigé par Maude Gratton. La richesse des sonorités inspire les six danseurs dont les gestes résultent d’improvisations à partir d’actions quotidiennes.
Mouvements rapides, saccadés qui évoquent parfois ceux des arts martiaux, surtout si l’on observe les jeux de jambes constituant toute la première partie de la pièce. Chaque interprète exécute sa partition chorégraphique marquée par la répétition de passages tel un leitmotiv : ils s’entrelacent, sautent avec une grande énergie offrant un kaléidoscope de geste combattifs qui apparaissent désordonnés, qui contrastent avec le rythme cadré et les harmonies des musiques de Bach.

ph.Christophe Raynaud de Lage
Cette première partie de la pièce est complétée par des séquences sans musique, leurs mouvements étant soutenus par le seul souffle sonore de leur respiration.
Dans la deuxième partie, Noé Soulier change de registre. En fait, Close-up, titre de la pièce, est une expression empruntée au vocabulaire cinématographique pour désigner un cadrage isolant une partie du corps. On ne retrouve plus les ensembles de la première partie, ni la relation intéressante entre corps dansant et musique, mais des soli ou des duos dansés face à une caméra posée sur scène qui projette sur un grand écran des fragments de corps des danseurs même.

ph.Alexandre Guirkinger
Cela permet au spectateur de saisir des images où leurs membres assument des structures architecturales. Si l’artifice de la caméra fait figure d’élément novateur, il peut parfois dévaloriser la dynamique globale du corps du danseur sur scène. Leurs équilibres, leurs transferts de poids, leurs inclinaisons disparaissent. Cela peut donner une réponse au questionnement autour des possibles réflexions de l’utilisation de la vidéo dans un spectacle chorégraphique.
Paris, Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt, 12 mars 2025
Antonella Poli