Cendrillon
La scène du Théâtre National de Chaillot accueille jusqu’au 18 avril à Paris le ballet Cendrillon de Thierry Malandain. L’histoire de la création de ce ballet, un défi pour le chorégraphe, directeur du CCN de Biarritz, commença il y a un an, d’abord à Saint-Sébastien pour sa première, puis à Versailles.
Aujourd’hui, ce conte dansé continue à transmettre toute sa magie et à garder tout son éclat. On admire une pièce où tous les danseurs ont mûri dans leurs rôles; certains d’eux ont quitté la compagnie, comme par exemple Giuseppe Chiavaro dans le rôle de la belle-mère, malgré tout très bien remplacé par Baptiste Fisson. A remarquer aussi la nouvelle danseuse mexicaine Patricia Velazquez à laquelle Thierry Malandain a réservé des petits solos sur les pointes, seules vraies nouveautés par rapport à la version originale.
Cendrillon est une pièce qui donne au public la possibilité d’admirer toutes les qualités de son chorégraphe: sa sensibilité musicale, son goût attentif pour les lignes épurées, son excellence dans la construction des duos. Tout le ballet se déroule dans une harmonie totale: même si le thème de la musique est répétitif, à aucun moment la chorégraphie ne baisse en tension ou en émotion. Un autre ingrédient important est l’ironie, qui se dévoile dans l’interprétation de la belle-mère sur ses béquilles et des deux soeurs, Frédérik Debert et Jacob Hernandez Martin.
La chorégraphie comporte comme éléments récurrents des arabesques qui permettent au regard de parcourir la scène et de s’ouvrir sur l’imaginaire et des attitudes qui créent des traits d’union entre les protagonistes. Les danseurs principaux, Daniel Vizcayo et Miyuki Kanei, forment un couple magique: bien que la danseuse apparaisse un peu tendue dans cette représentation parisienne, elle libère toute la maîtrise de son rôle grâce à son partenaire qui la guide pour qu’elle s’abandonne pleinement aux émotions dictées par l’argument du ballet.
Il ne faut pas oublier le danseur Arnaud Mahouy qui peut être comparé, si l’on prend comme exemple Le Lac de Cygnes, au précepteur du prince. Il est le maître de l’histoire, toujours impeccable, doué d’une grande technique.
Cendrillon ne perd pas sa chaussure pendant la représentation mais la scénographie adoptée remplace ce moment important de l’histoire : autour de la scène, des dizaines de chaussures sont suspendues et semblent former, de loin, un vol d’hirondelles qui rappelle toute la légèreté et la tendresse que cette pièce exprime.