Aurora
Chorégraphie : Alessandro Sciarroni
Distribution : Alexandre Almeida, Emmanuel Coutris, Charlotte Hartz, Matej Ledinek, Damien Modolo, Emanuele Nicolò, Matteo Ramponi, Marcel van Beijnen, en alternance, Sebastiaan Barneveld, Dimitri Bernardi
Musiques : Pablo Esbert Lilenfeld
Ce spectacle de « danse performative », sans corps formatés, est exécuté par des performers singuliers mis en scène et en lumière par Alessandro Sciarroni.
Cette pièce est la dernière d’un triptyque qui permet au chorégraphe italien d’explorer des pratiques qui existent déjà en dehors de la scène et de le transformer en spectacles. Fol-K qui reproduisait une danse folklorique tyrolienne et Untitled, qui s’inspirait du jonglage sont les deux autres pièces.
Deux équipes de 3 personnes déficientes visuelles à divers degrés disputent un match de goalball, discipline paralympique arbitrée par 2 voyants.
Les joueurs, en tenue de sport, mis à égalité par le port d’un bandeau occultant totalement la vue, évoluent sur un tapis de danse dont les bandes scotchées au sol délimitent le « terrain » (tel un stade de football avec des cages sur toute la largeur) et sont aussi repères tactiles quand ils sont accroupis, aux aguets.
Lancer le ballon sonorisé vers les adversaires est pour eux un défi d’élan calculé, d’équilibre, de détentes appropriées, d’estimation d’énergie et de direction ; il rebondit, roule, stoppé – si possible – par des plongées au sol et des déploiements brusques des joueurs d’en face. Tous attestent de leur grande physicalité et de leur incroyable habileté.
Cet affrontement, sans musique, est rythmé par les pas glissés et claqués, les frappes des mains, les chutes plus ou moins amorties, les halètements, les appels, comme ambiance sonore qui s’amplifie et résonne alors que les spectateurs disposés de chaque côté sont progressivement plongés dans l’obscurité. Mi-temps. Reprise. Penalty.
La performance est celle des corps en mouvements et du rapport à l’espace. Une montée musicale nait et enfle jusqu’à redistribuer les compétences sensorielles entre les performeurs qui ne peuvent plus distinguer les sons-repères et les spectateurs qui ont retrouvé la pleine lumière. Rituel scénarisé de fin de la partie. C’est un échange, par alternance, de privation visuelle et sonore ; une confrontation à des situations de handicap ; une expérience sensorielle pour les acteurs et les spectateurs qui restent totalement admiratifs.