Angelin Preljocaj – Requiem(s)
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Distribution : Ballet Preljocaj
ph.Didier Philispart
Avec sa nouvelles création, Requiem(s), Angelin Preljocaj aborde l’exploration des sentiments liés au deuil. Comme le montre le titre au pluriel, le chorégraphe souhaite aborder plusieurs formes de requiems, évoquant la palette des émotions liées à divers événements douloureux qui peuvent traverser la vie de l’homme. En fait, la pièce ne parle pas seulement de la perte de personnes chères, sa réflexion s’ouvrant aussi sur des faits tragiques qui ont troublé l’humanité.
ph.Didier Philispart
La chorégraphie
Plusieurs tableaux se succèdent, chacun se référant à un thème particulier.
Le désir de ressusciter les morts et de les rapprocher des vivants apparaît dans l’ouverture de la pièce : trois créatures suspendues au plafond descendent sur scène en rejoignant les danseurs, divisés en trois groupes, chacun constituant une petite communauté réunie en prière.
La danse commence à se déployer avec des images où l’on retrouve le style Preljocaj : actions dynamiques, gestuelle rigoureuse qui naît de chaque articulation du corps des danseurs, musicalité. En fait, malgré le sujet, le spectateur ne se trouve jamais face à des scènes ouvertement tristes ou languides. Les sentiments transmis sont rendus de manière subtile avec des images qui renvoient à l’art, notamment la déposition du Christ de la croix.
La musique du Requiem de W.A.Mozart amplifie la signification des gestes des danseurs, alors que sur la musique de J.S. Bach, ceux-ci se libèrent, leur danse devenant plus libre et plus fluide. Il y a aussi des séquences où, surtout dans les ports de bras employés, les gestes se font plus courbés, en contraste avec la linéarité dominante dans d’autres tableaux.
ph.Didier Philispart
Plus que d’autres pièces d’Angelin Preljocaj, où l’attention du chorégraphe se portait sur la recherche du mouvement, Requiem(s) révèle un processus de réflexion plus profond dans sa pensée créative, en créant un ballet qui conjugue l’iconographie, les problèmes sociétaux comme les violences faites aux femmes, la philosophie et les crimes de l’histoire, notamment ceux de la seconde guerre mondiale.
A ce propos, la voix de Gilles Deleuze, auteur cher à Angelin Preljocaj (voir la pièce de 2021 Deleuze/Hendrix), se substitue à la musique une première fois en faisant allusion à Primo Levi qui écrivait dans un livre de retour des camps d’extermination : « Un des motifs de l’art et de la pensée, c’est une certaine honte d’être un homme », puis en reconnaissant la valeur de l’art comme moyen de libération de l’homme (cf. l’Abécédaire de Deleuze, R comme Resistance).
Si le titre Requiem(s) se réfère à la mort, ce spectacle représente aussi en même temps une condamnation des attitudes de l’homme et une invitation à s’ouvrir à l’art, puissante possibilité d’affirmer le sentiment de vie. Le final de la pièce, une explosion d’énergie sur la musique rock de 79D, semble symboliser ce message.
La Villette, Grande halle – Chaillot Théâtre national de la danse 23 mai 2024
Jusqu’au 7 juin 2024
Antonella Poli
Requiem(s) en tournée :
04, 05 et 06 juillet 2024 : Le Corum, Festival Montpellier danse 2024, Montpellier
12 juillet 2024 : Opéra de Vichy
04 et 05 octobre 2024 : L’Archipel, Perpignan
12 octobre 2024 : Le Carré, Ste Maxime
Du 16 au 19 octobre 2024 : Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
30 novembre 2024 : Palais des Festivals, Cannes
04 décembre 2024 : Teatro Comunale Pavarotti-Freni, Modena, Italie
Du 18 au 22 décembre 2024 : Théâtre de Caen
Du 06 au 09 février 2025 : Les Gémeaux – Scène nationale de Sceaux
Du 12 au 19 mars 2025 : Opéra Royal du Château de Versailles
13 mai 2025 : Auditorium, Dijon
16 et 17 mai 2025 : Équilibre, Fribourg, Suisse
