Ambra Senatore et Caterina Sagna au Festival Art Danse de Dijon
Le Festival Art Danse de Dijon pose son regard sur deux représentants de la chorégraphie contemporaine italienne : Ambra Senatore et Caterina Sagna.
Les deux chorégraphes donnent au public la possibilité de se plonger dans deux univers opposés : le premier cherche à nous emmener vers une nouvelle vision de la réalité à partir de faits et d’éléments quotidiens alors que le second analyse de plus près les problématiques de notre époque avec un langage plus dense.
Avec John, pièce créée pour ce festival, la Senatore réinvente la notion de temps et en même temps crée sa propre scénographie en installant au fur et à mesure les éléments qui la composent. Il n y a pas de musique, les danseurs se soumettent au temps de descente des piverts qui martèlent les axes en bois placés sur le plateau. Toute la première partie est marquée par l’alternance de jeux humoristiques entre les protagonistes et les petits oiseaux. Comme par magie, on découvre de temps en temps sur le linoleum qui couvre le sol des cd qui ne seront écoutés que par petits morceaux.
Du début à la fin on a l’impression que le spectacle est conçu directement sur le plateau comme si rien n’avait été structuré auparavant.
Le public interagit avec les danseurs quand ceux-ci commencent à demander les prénoms de certains spectateurs. Les interprètes de la pièce les utilisent comme dans un puzzle pour inventer et construire sur scène des dialogues entre eux presque comiques.
Dans la deuxième partie, on se confronte à la légèreté de la danse de la chorégraphe : un petit moment de danse d’ensemble qui rompt avec cette intention prédominante d’improviser le spectacle. Construction – déconstruction peut être le binôme de lecture de John car soudain les protagonistes décident de débarrasser la scène pour recommencer leur pièce. C’est un moment plein d’humour mais qui affirme en même temps que rien n’est définitif et que tout peut être réinventé.
Bal en Chine, la pièce de Caterina Sagna, est d’un tout autre registre. Elle analyse le comportement de la société actuelle envers l' » étrangère « . Comme exemple la chorégraphe représente sur scène ce qui peut se passer dans une communauté qui estime avoir des voisins chinois. Le choix de ce peuple est fait par hasard, on pourrait parler aussi d’arabes, de japonais, peu importe ; c’est le thème de l’altérité qui entre en jeux.
Les dialogues parmi les protagonistes de la pièce sont crus et montrent toute l’animosité envers qui ne fait pas partie de la même race et culture. Il y a la danse aussi, énergique et construite autour de mouvements de bras et de courses sur scène.
Le paradoxe du sujet du spectacle apparaît quand les protagonistes affirment eux même qu’il n y pas de chinois autour d’eux. Tous leurs problèmes, mis en évidence pendant la première partie, étaient donc le résultat de leurs préjugés.
La chorégraphe aurait pu aborder un thème si actuel avec un peu plus de profondeur si elle avait évité l’utilisation de nombreux lieux communs. La partie finale s’éloigne un peu du reste, sa diversité tranche complètement avec les sentiments de mépris exprimés dans la première sans réussir à réhabiliter » l’étranger « .