Affranchies
Chorégraphie : Amalia Salle
Au festival Suresnes Cités Danse l’intéressante découverte d’Amalia Salle avec sa création Affranchies
Affranchies constitue la première pièce longue d’Amalia Salle, chorégraphe née en Argentine en 1986, arrivée à Paris en 2008 après avoir vécu à Milan depuis l’âge de cinq ans où elle évolue dans le monde du hip hop et obtient un diplôme à l’école professionnelle M.A.S. (music arts & show). En juin 2021, en pleine époque Covid, elle remporte le Sobanova Dance Awards avec une pièce de huit minutes, Les Vivaldines, qui permet à Caroline Occelli, directrice du festival Suresnes Cités Danse de la découvrir. Le prix lui ouvre les portes pour obtenir des résidences au Centre chorégraphique national de Créteil, à l’invitation de Mourad Merzouki, théâtre de La Villette ; à la Chapelle d’Annonay, chez Abou Lagraa.
Le langage d’Amalia Salle intègre des éléments du hip-hop à la danse contemporaine en instaurant un dialogue clair entre ces deux styles de danse où la représentation des émotions émerge au travers d’une gestuelle à la fois linéaire et plus libre et énergique.
En scène nous trouvons cinq danseuses en costumes urbains. Le début est marqué par des petits sauts sur place, des relâchements puis suivis par des mouvements synchrones et symétriques des bras et des déplacements géométriques. La structure de la pièce se révèle complexe du fait des nuances de la gestuelle qui s’enrichit tout au long de l’heure du spectacle. Le public commence à s’identifier à chacune des interprètes dès le premier solo caractérisé par des gestes impulsifs, répétés, souvent exécutés au sol. Puis la pièce évolue, développant les caractères de chaque danseuse tout en maintenant une cohésion collective comme point fort de la pièce : elles incarnent des situations quotidiennes dans lesquelles le public peut se reconnaitre. Les tonalités des musiques jazz ou électro valorisent la danse qui dégage simultanément beaucoup d’énergie et de délicatesse.
Chaque geste généreux et sincère offre une palette de sentiments et attitudes humains tels que la joie, l’ironie, la critique envers les stéréotypes contemporains, le désir de liberté.
La partition des Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi fait émerger aussi la sensibilité musicale de la chorégraphe. En fait, la danse devient rythmiquement précise en suivant le tempo de la bande de son. Belle réussite pour cette pièce qui a fait découvrir au public Amalia Salle, chorégraphe engagée, qui pourra, on l’espère, obtenir des nouvelles opportunités pour évoluer présenter ses travaux.
Suresnes, Théâtre Jean Vilar, 22 janvier 2022
Antonella Poli