About Love and Death – L’hommage d’Emmanuel Eggermont à Raimund Hoghe
Chorégraphie : Emmanuel Eggermont
About Love and Death d’Emmanuel Eggermont a ouvert la 27è édition du Festival Faits d’Hiver. Comme le souligne Christophe Martin, directeur engagé de la manifestation, la programmation de cette année se tourne vers la mémoire, vers « l’hier contemporain. En effet, à quoi bon se souvenir si ce n’est pour relancer le présent, l’interroger et, pourquoi pas, le revivifier ? »
Et ce propos fait écho au texte projeté sur la scène du Théâtre de la Cité Internationale qui accompagne le début de la pièce : « Everything must change, nothing stays the same, everyone will change…and mysteries do unfold, for that’s the way of time, no one, and nothing goes unchanged ».
Emmanuel Eggermont rend hommage à l’un de ses plus grands maîtres, Raimund Hoghe, disparu en 2021. Gisant au sol, le chorégraphe/interprète nous rappelle ce triste moment pendant quelques instants. Puis l’espace temporel s’ouvre pour laisser couler le flot d’images poétiques et dansées qui nous rappellent la figure de Raimund Hoghe.
Emmanuel Eggermont traverse la scène avec sa gestuelle minimaliste et stylisée, qui se remarque surtout dans les mouvements des bras. Il développe son solo sur des musiques qui évoquent de grandes figures du passé : la chanson Singing in the rain, où l’interprète substitue les sauts de Gene Kelly par des pas qui restent suspendus, ou encore I was born to love you qui fait allusion à la figure de Freddy Mercury et à sa personnalité exubérante…
Si Stéphane Mallarmé parlait de hiéroglyphe en mouvement à propos du danseur, la danse d’Eggermont lui donne raison. Mais il ne s’agit pas seulement d’écrire le mouvement car dans About Love and Death, il y a le sentiment de l’histoire et une vision chorégraphique tournée vers les thèmes essentiels de la nature humaine, chers à Raimund Hoghe. Le public voyage, transporté par la présence à la fois imperturbable et prégnante de la silhouette d’Emmanuel Eggermont. L’intériorisation du mouvement trouve ses alliés dans des gestes qui restent près du corps. Tout cela anime les différents tableaux dont est composée la pièce et qui se succèdent harmonieusement, tout en gardant la même haute intensité.
Cette pièce est très touchante et constitue un bon choix pour l’ouverture de Faits d’hiver, le festival caléidoscope de la danse contemporaine !
Paris, Théâtre de la Cité Internationale, 20 janvier 2025
Antonella Poli