Noé
Chorégraphie : Thierry Malandain
Distribution : Malandain Ballet Biarritz
Musiques : Rossini, Messa di Gloria
Thierry Malandain dépasse toutes les attentes avec sa nouvelle création, Noé, qui est au programme du Théâtre National de la Danse Chaillot jusqu’au 24 mai prochain.
Le chorégraphe, à la tête du Malandain Ballet Biarritz depuis 1998, choisit un thème qui pourrait nous faire penser à un ballet avec une structure narrative, entièrement calée sur l’épisode biblique et avec des références claires aux personnages qui l’animent.
Mais le Directeur du Malandain Ballet Biarritz, enclin à réélaborer de manière personnelle les thèmes qui aborde (cf. les derniers ballets Cendrillon et la Belle et la Bête), ne peut que se contenter d’une simple évocation chorégraphique du texte biblique.
Le ballet Noé est construit à partir d’un épisode qui retrace les origines ancestrales de l’humanité pour délivrer un message plus vaste qui montre les différentes facettes de l’être humain.
Thierry Malandain met en scène un spectacle riche d’inventivité : derrière les belles images de danse, on saisit un profond travail d’élaboration et de réflexion qui permet au public d’assister à une comédie humaine avec tous ses contrastes et ses lois.
On danse, on danse, on danse sur la Messa di Gloria de Rossini, œuvre aux tonalités majestueuses et le public succombe à la choralité et à la richesse de la composition chorégraphique. On constate que dans cette pièce les liens entre la musique et l’écriture chorégraphique sont moins forts que d’habitude. La grande musicalité qui caractérise normalement les ballets de Thierry Malandain est ici remplacée par une grande attention dans la conception de la mise en scène et dans l’élaboration d’un langage capable d’exprimer, sans suivre une structure bien définie, le sens d’une humanité toujours suspendue entre le bien et le mal, la vie et la mort. On peut remarquer ces thèmes si l’on se penche sur le beau duo qui représente l’union d’Adam et Eve, symbole du retour à la fertilité, ou bien sur la scène du meurtre d’Abel par Caïn, épisode qui conclut la pièce.
Thierry Malandain enrichi son vocabulaire en s’inspirant de danses populaires, notamment africaines, pour créer une gestuelle symbolique et en même temps plus animalesque. Dans cela, il y a des références, d’une part à un monde terrien originaire et d’autre part aux animaux de l’Arche qui sont reconnaissables grâce à notre imaginaire. La scénographie est constituée de rideaux passementés bleu ciel qui se lèvent et se baissent pour représenter la montée et la disparition des eaux, jusqu’à laisser entrevoir, seulement dans le final, les signes de la végétation qui ressurgit.
Parmi les œuvres de Thierry Malandain, il s’agit là d’un ballet innovateur de par son style qui pourrait suggérer de nouveaux horizons de recherche de la part du chorégraphe qui, par ailleurs, ne cesse de nous procurer de belles émotions.