The Winter’s Tale
The Winter’s Tale est un ballet en trois actes et un prologue créé par Christopher Wheeldon en 2014 pour le Royal Opera House en coproduction avec le Ballet National du Canada dirigé par Karen Kain. Le chorégraphe s’inspire complètement de l’œuvre de William Shakespeare et met encore plus en valeur les aspects psychologiques des personnages.
Brièvement,The Winter’s Tale raconte l’histoire du Roi de Sicile Leontes qui avait invité son ami d’enfance Polixenes, roi de Bohème, dans son royaume. Au moment de son départ, Leontes exhorte son hôte à rester encore en Sicile. Polixenes veut rentrer et Leontes invite son épouse, la reine Hermione, à le retenir. Cette dernière attend un bébé. Après l’intervention d’Hermione, Polixenes décide de rester. Cette nouvelle décision déclenche la jalousie de Leontes, qui croit que l’enfant attendu par sa femme soit le fils de son meilleur ami. Hermione finit en prison et l’autre enfant de Leontes et Hermione, Maximilius, sera amené à la mort par la douleur de voir sa mère en prison. Entre temps, le bébé attendu par Hermione naît et Leontes ordonne de l’abandonner.
Hermione s’évanouit et son amie Paulina prend son corps et fait ériger une statue dans son palais. Leontes reçoit la réponse des oracles qu’il avait consultés pour avoir la confirmation de la trahison d’Hermione. Leur réponse est claire : Hermione n’avait pas trahi Leontes. Perdita, la fille de Leontes, rencontre le Prince Florizel, fils de Polixenes qu’ignore les origines de la jeune fille. Celui-ci tombe amoureux d’elle et les deux jeunes se marient malgré les oppositions de Polixenes. Seize ans après, Leontes et ses nobles amis se retrouvent dans la maison de Paulina ; on retrouve aussi le pasteur qui avait aidé Perdita, et les deux jeunes mariés arrivés en Sicile. Leontes reconnait sa fille et la statue d’Hermione s’anime. Le final célèbre le retour à la vie de la reine et la reconstitution de la famille.
On se trouve face à une œuvre typiquement shakespearienne avec tout le kaléidoscope des sentiments humains : amour, jalousie, trahison, attachement au pouvoir, sens de l’amitié et de la fidélité.
Christopher Wheeldon a la capacité d’analyser en profondeur tous les personnages, mettant en relief leurs particularités. Son langage fluide néoclassique ne néglige pas la mise en avant d’un vocabulaire chorégraphique qui sait accentuer la dramaturgie des scènes les plus cruciales, spécialement dans le premier acte. C’est le cas du solo de Leontes, où il exprime toute sa folie et sa méchanceté en croyant en la trahison de son épouse, ou du solo d’Hermione, créature blessée et délicate, où elle déclare son innocence, ou bien encore le pas de deux de Paulina avec Hermione au moment de l’abandon de Perdita et le pas de deux final où Leontes reconnait toute sa culpabilité et sa faiblesse et se reconcilie avec Hermione.
Le deuxième acte reste plus joyeux, se focalisant sur la rencontre de Perdita et le Prince Florizel et sur leur fête de fiançailles. Ne boudons pas notre plaisir face à un ballet si bien conçu, d’une intensité remarquable, car la valeur de cette pièce est fondée sur la capacité du chorégraphe à traduire en gestes dansés magnifiquement élaborés l’analyse psychologique des protagonistes. Ainsi s’exprime Piotr Stanczyk, principal dancer du Ballet National du Canada exprime son point de vue à propos de son interprétation complexe de Leontes, qui lui tient à cœur, car il se voit passer d’un état heureux, celui du roi de Sicile à la folie :
Le personnage d’Hermione, dansé par Hannah Fischer, est apparemment plus faible mais c’est la force de son amour et de sa pureté qui la font ressusciter. Le pas de deux avec Leontes, qui exprime toute sa jalousie, est un des moments les plus remarquables de son rôle.
Le personnage de Paulina est aussi déterminant dans la mesure où il représente la confiance en l’humanité : elle soutient Hermione, elle sauve son corps, prend soin de Perdita lors de sa naissance et soutient Leontes pendant sa folie. C’est grâce à elle que tout s’arrange. Xiao Nan Yu, qui interprétera Paulina, livre ses impressions :
La création musicale de Jobi Talbot, extrêmement lyrique, accompagne la chorégraphie comme si ses sonorités reproduisaient les dialogues des protagonistes. Le Ballet National du Canada reprendra The Winter’s Tale à partir du 10 Novembre prochain.
Antonella Poli