Les Grands Prix du Syndicat de la Critique

Venezuela, de Ohad Naharin a conquis la critique et remporté le Grand Prix pour le meilleur spectacle de la saison. Première française, il a été programmé en septembre 2018 à Chaillot-Théâtre National de la Danse dans le cadre de la saison France-Israël. Dans Venezuela, nous retrouvons tout le vocabulaire du chorégraphe avec un renouvellement des danseurs de la Batsheva Dance Company qui ont tous une faculté incroyable d’adaptation au style du maître, puissant et débordant d’énergie.

Pour la meilleure personnalité chorégraphique, William Forsythe, Bill dans le milieu de la danse, s’est imposé. C’est un hommage à sa carrière et à sa vision révolutionnaire de la danse : il a cassé les codes de la danse classique en lui ouvrant de nouvelles possibilités esthétiques et en se faisant messager d’une « beauté anarchique ». Depuis plus de quarante ans, d’abord en tant que directeur du Ballet de Francfort, de The Forsythe Dance Company, puis chorégraphe associé de l’Opéra National de Paris dans la saison 2015/2016, et aujourd’hui partenaire du Boston Ballet en tournée à Paris dans le cadre de TranscenDanses 2018-19 le mois d’avril dernier avec sa nouvelle création Playlist (EP) et la première française de Pas/Parts 2018, ses œuvres sont au répertoire des plus importantes compagnies de danse au monde.

Depuis plusieurs saisons, François Alu, premier danseur du Ballet de l’Opéra de Paris conquiert le public et les professionnels de la danse. Le prix de meilleur interprète lui a été attribué. Grâce à sa personnalité vivace, indépendante et percutante, doué de toute la maîtrise de la danse classique, il excelle à l’Opéra de Paris, autant dans les rôles classiques, notamment Le Lac des Cygnes (remarquable, son interprétation en tant que Rothbart cette saison), Cendrillon, que dans ceux plus contemporains. Benjamin Millepied, Crystal Pite ou prochainement Mats Ek pour sa prochaine création à l’Opéra national de Paris l’apprécient particulièrement. Le Prix du meilleur interprète couronne son brillant parcours de danseur.

François Alu-ph.Julien Benhamou

Cela a été un grand plaisir de découvrir à Chaillot-Théâtre National de la Danse, la São Paulo Companhia de Dança, compagnie brésilienne de danse classique et contemporaine qui a remporté le prix de la meilleure compagnie. Dirigée par Inês Bogéa, la compagnie est formée de trente-deux danseurs et a présenté en avril dernier un programme qui représente un voyage dans la mémoire des années quatre-vingt à aujourd’hui, à travers les œuvres de Uwe Scholz (Suite pour deux Pianos), Marco Goecke (L’Oiseau de feu) et la création Odisseia de Joëlle Bouvier.

Le Prix du meilleur film a été attribué à Maguy Marin, l’Urgence d’agir. La chorégraphe française, marque la réflexion chorégraphique depuis trente ans. Sa vision de la danse, à la fois poétique et cruelle, questionne notre société, nos comportements, et, généralement, les valeurs de notre monde. Le film convie le public à percevoir l’œuvre de Maguy Marin observée « de l’intérieur » à partir de ses pièces de réputation internationale et d’entretiens où elle évoque pudiquement son parcours de vie. C’est que le réalisateur du film, qui nous fait sentir au plus près la voix de Maguy Marin, n’est autre que son fils David Mambouch.

Le prix du meilleur livre, Danser Pina, Ed.Textuel, confirme l’importance de la photographie en art du spectacle. Le photographe Laurent Philippe, un des plus reconnus par toute la profession, s’est allié à la plume redoutée de Rosita Boisseau pour créer un très beau livre de témoignages des danseurs du Tanztheater de Wuppertal. Ces derniers rendent compte de leurs vécus personnels avec la mythique chorégraphe Pina Bausch.

La remise des Prix a eu lieu le 21 juin à l’Opéra Comique, Paris.

Antonella Poli – Jean Couturier

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