15ème édition du festival Instances
Le Festival Instances représente un des temps forts du calendrier culturel de la région Franche-Comté.
Philippe Buquet, directeur de l’Espace des Arts-Scène Nationale de Chalon-sur-Saône, qui est prêt à inaugurer la 15ème édition d’Instances affirme : « Plutôt que de prétendre soutenir la comparaison avec des festivals comme celui de Montpellier, par exemple, je conçois cette manifestation comme un rendez-vous culturel qui anime la ville de Chalon-sur-Saône et son agglomération rurale.
Il souligne : « Notre engagement est ambitieux car, à travers la programmation danse d’Instances, nous voulons ouvrir des regards et de nouveaux horizons sur le monde. Il y a un travail de fond très important qui vise à susciter la curiosité des habitants. D’une certaine manière, Chalon-sur-Saône a la chance d’avoir les structures adéquates pour accueillir les spectacles, notamment les salles du conservatoire, et cela dans un contexte économique qui n’est pas des plus favorables. La particularité d’Instances est de soutenir non seulement le travail de création mais aussi de s’engager dans de nouvelles productions pour accompagner les artistes. Par exemple, Tatiana Julien, qui est encore aujourd’hui un de nos artistes associés, a bénéficié de notre politique et reprend cette année une de ses premières chorégraphies audacieuses, La Mort et l’extase, créée quand elle avait seulement 23 ans. Aujourd’hui, c’est très important car la danse reste un art pauvre en moyens.
Si l’on regarde de plus près la programmation de cette édition, on retrouvera une grande attention portée envers les propositions artistiques qui viennent de chorégraphes africains. Les créations de DeLaVallet Bidiefono (Congo), Monstres on ne danse pas pour rien et de Fana Tshalabala (Afrique du Sud), magnifique danseur qui présente Man, côtoient la première française de Florent Nikiema, Kobendé « eau trouble ». Je tiens particulièrement à la présence de ces artistes, souvent provenant de pays en guerre et qui ont subi des traumatismes forts, car la danse devient pour eux une pulsion vitale fascinante qui se manifeste dans chaque production. C’est pour ces raisons que je les soutiens et que je maintiens toujours une plateforme africaine dans la programmation d’Instances.
A côté de ce cercle africain, nous retrouvons la création, qui est aussi une co-production, Oscyl d’Eric Lamoureux et d’Héla Fattoumi, directeurs du CCN de Bourgogne Franche-Comté, qui nous invitent à une réflexion sur le concept d’oscillation ; la création Hadra d’Alexandre Roccoli, un artiste du territoire qui utilise ses souvenirs d’enfance liés à un monde ouvrier pour livrer un solo magnétique. Puis la belle installation Dust Devils qui, de par son audace, se rapproche du tourbillon de la vie exprimé par Drugs kept me alive de Jan Fabre, interprété par Antony Rizzi ».
Sur les perspectives d’Instances, Philippe Buquet est clair. Il souhaite continuer son défi pour défendre la valeur de la danse comme moyen de sensibilisation des milieux sociaux les plus fragiles au travers de propositions artistiques qui puisent dans les danses urbaines. Il faut combattre le modèle prédominant blanc occidental de la création chorégraphique pour continuer à toucher plus largement la population. La danse doit se positionner au milieu d’un dialogue social avec les moins aisés et atteindre les familles les plus populaires. Enfin, la manifestation retrouvera en 2018 son lieu classique, l’Espace des Arts, qui est en travaux depuis 2016. Jusqu’à sa réouverture, les spectacles hors des murs se déroulent au Théâtre du Port Nord, une structure autoportée installée dans l’ancien port industriel désaffecté, et au Théâtre Piccolo, un théâtre à l’italienne situé au cœur de la ville.
Propos recueillis par Antonella Poli