60e Palmarès du Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre, Musique et Danse
La cérémonie de la remise des prix s’est déroulée ce lundi 19 juin à la Philharmonie de Paris.
Pour le collège danse, le Grand Prix pour le meilleur spectacle a été attribué au solo L’envahissement de l’être (danser avec Duras) de Thomas Lebrun, directeur du CCN de Tours, créé en janvier 2023 à Tours. Le chorégraphe et interprète se plonge dans la personnalité de l’écrivaine française : sa danse habitée, fluide et intériorisée incarne la parole de Marguerite Duras rendue vivante grâce à la diffusion d’enregistrements historiques d’interviews pendant la pièce. La mise en scène permet aussi de reparcourir l’œuvre littéraire de l’autrice à travers des clins d’œil à ses principaux romans et épisodes de vie.
Le prix de la personnalité chorégraphique a reconnu le travail assidu de Christophe Martin, directeur artistique du Festival Faits d’Hiver qui célébrait cette année sa XXVe édition. La manifestation, vitrine incontournable de la danse contemporaine grâce à ses 15 lieux de diffusion, ses 54 représentations et ses 15 créations, a offert un programme diversifié, centré sur la valorisation du rôle de l’interprète et basé sur la présence de chorégraphes de différentes générations.
Samantha van Wissen s’est affirmée comme meilleure interprète dans Giselle… de François Gremaud. L’ex-danseuse d’Anne Teresa De Keersmaeker reparcourt le célèbre ballet classique avec un brin d’ironie et réactive une œuvre magistrale dépourvue de préjugé et libérée de ses mythes. Et, une fois encore, la figure de Giselle dans la vision féministe de Martin Chaix a été un des facteurs de succès pour la reconnaissance du CCN – Ballet de l’Opéra national du Rhin, dirigé par Bruno Bouché, comme meilleure compagnie.
Trois artistes femmes de différents univers ont remporté les prix du meilleur livre, de la meilleure performance et de la révélation chorégraphique : Marie-Agnès Gillot pour son autobiographie, Sortir du cadre, où elle dévoile les moments et les personnalités clés de sa carrière ; Miet Warlop, avec sa performance athlétique et musicale One song ; Amalia Salle, pour sa création Affranchies (Festival Suresnes Cités Danse) pour cinq danseuses, un petit bijou mêlant hip-hop et danse contemporaine.
Le meilleur film de la saison, Dancing Pina de Florian Heinzen-Ziob, rend hommage à Pina Bausch en mettant l’accent sur la transmission de son Sacre du Printemps aux danseurs africains de l’École des Sables, créée par Germaine Acogny en 1998 pour promouvoir la formation professionnelle. Enfin, le collège danse a décidé cette année d’attribuer un prix pour l’ensemble de leur carrière à Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, les indomptés de la danse contemporaine depuis 40 ans. Scènes de désir ou de souffrance, de violence et de sensualité, leurs pièces sont des récits de l’indicible, des miroirs de mondes intérieurs déchaînés, poussés jusqu’au bout de leur limite.
Antonella Poli
Les Palmarès des collèges Théâtre et Musique
THÉÂTRE
Grand Prix (meilleur spectacle théâtral de l’année)
Le Firmament, de Lucy Kirkwood, mise en scène de Chloé Dabert
Prix Georges-Lerminier (meilleur spectacle théâtral créé en province)
Le Nid de cendres, de Simon Falguières, re-création au Festival d’Avignon
Prix de la meilleure création d’une pièce en langue française
L’amour telle une cathédrale ensevelie, de Guy Régis Jr
Prix du meilleur spectacle théâtral étranger
Catarina et la beauté de tuer des fascistes, de Tiago Rodrigues
Prix Laurent-Terzieff (meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé)
Fin de partie, de Samuel Beckett, mise en scène de Jacques Osinski
Prix du meilleur comédien
Gilles Privat dans En attendant Godot, de Samuel Beckett, mise en scène d’Alain Françon
Prix de la meilleure comédienne : Catherine Hiegel dans Music-hall et dans Les règles du savoir-vivre dans la société moderne, de Jean-Luc Lagarce, mises en scène de Marcial Di Fonzo Bo
Prix Jean-Jacques-Lerrant (révélation théâtrale de l’année) ex aequo
Bertrand de Roffignac dans Ma jeunesse exaltée, d’Olivier Py – Marie Fortuit pour sa mise en scène d’Ombre (Eurydice parle), d’Elfriede Jelinek
Prix de la meilleure création d’éléments scéniques David Bobbée et Léa Jézéquel pour Dom Juan, de Molière
Prix du meilleur livre sur le théâtre
Au cœur du théâtre 1989-2022, de Jean-Marie Hordé. Éd. Les Solitaires Intempestifs
Prix du meilleur compositeur de musique de scène
Dakh Daughters pour Danse macabre, mise en scène de Vlad Troitskyi
Prix spécial
La Mort d’Empédocle (Fragments), de Johann-Christian-Friedrich Hölderlin, mise en scène de Bernard Sobel
MUSIQUE
Grand Prix (meilleur spectacle musical de l’année) ex aequo
Manru, d’Ignacy Jan Paderewski, direction musicale de Marta Gardolińska, mise en scène de Katharina Kastening
L’Annonce faite à Marie, de Philippe Leroux, direction musicale Guillaume Bourgogne, mise en scène de Célie Pauthe
Prix Claude-Rostand (meilleure coproduction en régions et européenne)
On purge bébé, de Philippe Boesmans, direction musicale de Bassem Akiki, mise en scène de Richard Brunel. Théâtre de la Monnaie et Opéra de Lyon
Prix de la meilleure scénographie
Fabien Teigné, pour Faust, de Gounod, direction musicale de Pavel Baleff, mise en scène de Claude Brumachon et Benjamin Lamarche. Opéra de Limoges
Prix de la création musicale
Concerto pour violon n°2 « Scherben der Stille », d’Unsuk Chin
Prix de la personnalité musicale de l’année
Aziz Shokhakimov, chef d’orchestre, directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg
Prix de la révélation musicale de l’année
Jodyline Gallavardin, pianiste
Prix du meilleur livre de l’année sur la musique
Compositrices, l’histoire oubliée de la musique, Guillaume Kosmicki. Éd. Le mot et le reste
Prix de la meilleure initiative pour la diffusion musicale (répertoires et publics)
Présences compositrices, centre de recherche et festival porté par Claire Bodin