A Taste of Ted
Chorégraphie : Cie L'Octogonale
Distribution : Maud Pizon et Jérôme Brabant
A Taste of Ted présenté par la compagnie L’Octogonale (Maud Pizon et Jérôme Brabant) dans le cadre du festival Le Temps d’aimer est une proposition chorégraphique qui rend hommage aux pionniers de la danse moderne, Ruth St. Denis et Ted Shawn. Les deux chorégraphes ont abordé la création de ce projet d’une part avec le propos de transmettre l’esprit et les anciennes œuvres des deux artistes américains, d’autre part pour explorer leurs possibles influences sur l’esthétique contemporaine. Aurélien Richard, les accompagne au piano, devenant sa musique un élément important pour revitaliser les anciennes chorégraphies.
Maud Pizon et Jérôme Brabant habillés avec des tuniques à la grecque, un des modèles de costume les plus utilisés par Ruth St.Denis et Ted Shawn introduisent le spectateur dans leur recherche en racontant, avec le procédé de la voix hors champ l’histoire de leur découverte personnelle et les évolutions : à partir des premières recherches à la New York Public Library où ils visionnaient des films 16 mm puis au Dance notation Bureau à New York, et à la Médiathèque de Jacob’s Pillow Massachusetts.
La pièce procède en nous offrant de petits extrait des œuvres les plus représentatives de Ruth St.Denis et Ted Shawn : Egyptian Dance (1932), Tillers of the Soil (1915), Gnossienne (1919), Cobras( 1908), White Nautch(1918). Les deux interprètes les ont récréés avec leurs corps et leur sensibilité contemporaine. En dansant, ils donnent l’impression de s’interroger et de vouloir comprendre l’époque et le style qu’ils interprètent. Ils ne se limitent pas à reproduire les anciennes chorégraphies mais ils les contextualisent, montrant aussi leurs influences sur les chorégraphes modernes successifs. En fait un passage est dédié à François Delsarte, célèbre théoricien français du mouvement qui fut beaucoup suivi aux Etats Unis surtout pour sa théorie sur le transfert de poids d’une jambe à l’autre dans une marche.
Avec ironie, Maud Pizon et Jérôme Brabant imaginent une séance de spiritisme pour invoquer les célèbres élèves de Ruth St.Denis et Ted Shawn, notamment Martha Graham. Puis, ils nous restituent les souvenirs de leur voyage aux Etats-Unis et en particulier leur visite au Palais Denishawn, siège de l’Ecole multidisciplinaire Denishawn.
Dans la partie finale de la pièce Maud Pizon et Jérôme Brabant expriment au mieux l’appropriation de l’esthétique américaine. Ils se plongent dans l’exotisme et l’orientalisme qui inspirèrent la philosophie et la pensée de Ruth St.Denis. Ils font allusion à Bakawali Nautch (1917) : leur exécution est rythmiquement puissante jusqu’à susciter un état de transe.
Biarritz, 12 Septembre 2020
Antonella Poli