Passages

Chorégraphie : Noé Soulier

Distribution : Stephanie Amurao, Lucas Bassereau, Meleat Fredriksson, Yumiko Funaya, Nangaline Gomis et Nans Pierson

Passages, ch.Noé Soulier-ph.Patrick Berger / Atelier de Paris

Le festival June Events devait fêter ses 20 ans en juin dernier. La crise sanitaire a empêché ce rendez-vous consacré à la création. Mais l’Atelier de Paris remonte la pente, au soutien des artistes proposant du 5 au 13 Septembre le festival Indispensable.

Les soirées du 9 et 10 septembre ont proposées dans un des lieux plus historiques parisiens, La Conciergerie, la pièce Passages de Noé Soulier, en collaboration avec le Centre des Monuments Nationaux.

L’agencement des coussins au sol et des bancs destinés aux spectateurs délimite fictivement les nefs de la Conciergerie où se déplaceront les artistes, nous laissant imaginer une vue selon des angles différents. 

L’entrée soudaine des danseurs nous surprend, parcourant les espaces selon un rythme personnel, en l’absence de toute musique ou de bande-son et de tout artifice décoratif au profit des somptueuses voutes et ogives du plafond médiéval du monument national.

Seul leur souffle haletant est audible, les contractions musculaires rythmées témoignant de l’intensité des pas, enjambées et de l’énergie déployée dans des courses poursuites. Ils se livrent à des sauts et cabrioles évoluant en chutes périlleuses sur le sol qu’est la dalle même de béton. Ils savent suspendre un instant ces mouvements mais l’arrêt dans l’élan inaugure une reprise habile, ce qui n’est pas sans évoquer le « fall – recovery » technique de Doris Humphrey (chute–rebond).

Par deux, par trois, ou plus, au gré de leurs entrées, sortant de l’ombre en guise de coulisses, sans répit, les danseurs se croisent avec vélocité et dextérité, marchent, s’évitent, découvrent leur présence, les piliers massifs soutenant les voutes favorisant un jeu de cache-cache, d’apparition – disparition. Ils se rencontrent, se toisent discrètement, amorcent un pas-de-deux fugace inédit, peut-être une illustration de « l’action réflexive* ». Quelques passages s’exécutent plus lentement, (comme) au ralenti par contraste, propices aux échanges de regards. Certains installent des reprises mimétiques de telle figure ; d’autres affichent des attitudes en miroir ou bien se figent dans une pose statuaire pour -en fait- s’en échapper et s’effacer au loin.

Les artistes s’adonnent au plaisir des recherches posturo-gestuelles, exercices probablement exécutés en studio et restitués dans une forme libre au cours de cette soirée.

Mais ces séquences d’allure désordonnée se répètent pendant les quarante-cinq minutes de la chorégraphie et laissent admirer les actions performées assumées par les six jeunes danseurs.   

La Conciergerie, Paris, 10 Septembre 2020

Antonella Poli

*Noé Soulier, Actions, Mouvements et Gestes, Ed. CND, pag. 27 :« Dans l’action réflexive, le corps de celui qui agit n’est pas constamment l’objet de son attention, mais il demeure néanmoins central, car son corps est ce sur quoi il travaille » 

 

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