Nederlands Dans Theater 2
Chorégraphie : Alexander Ekman, Marco Goecke, Sol Léon et Paul Lightfoot
Distribution : NDT2
Le Nederlands Dans Theater 2 enchante Chaillot. La compagnie néerlandaise, qui accueille de jeunes danseurs classiques pour les préparer à intégrer le NDT1, a présenté trois pièces, dont deux créations.
La première, Fit d’Alexander Ekman, ouvre un questionnement sur la place de l’homme en tant qu’individu et comme être vivant au sein d’un groupe. Sa dimension personnelle s’entrelace donc avec sa dimension sociale. Comme Alexander Ekman l’affirme lui-même, le « Fit c’est une forme d’harmonie, la sensation que tout est à sa place ». Cette idée est résumée dès le début de la pièce où un des dix-huit danseurs invite le public, avec « un warm welcome, this moment is so special… »
Le chorégraphe suédois aborde ce thème avec une approche aux limites de l’ironie tout en livrant un spectacle original. Il nous a déjà habitués dans le passé, notamment avec A Swan Lake ou Play, à se faire remarquer pour sa capacité à inventer de nouveaux codes pour interroger et mettre en question les stéréotypes existants. Un homme semblant un nageur, en maillot de bain et avec des lunettes de piscines, se confronte à un groupe mixte de danseuses et danseurs, tous portant de longs tutus. Cela, est-ce une réflexion sur une tentative de se conformer au même aspect extérieur ou bien d’éliminer toute question du genre ? Il y a aussi un intense duo dans la pièce qui évoque un rapport de couple. La pièce émerveille.
Wir sagen uns Dunkles, de Marco Goecke, confronte le public à l’esthétique du chorégraphe allemand qui revient à Paris après la création pour le Ballet de l’Opéra national de Paris Dogs Sleep. Dans son ballet, où l’on retrouve tout son vocabulaire habituel, notamment une gestuelle frénétique, mécanique, répétitive surtout des bras et du haut du corps, Marco Goecke introduit des moments où sa danse devient plus fluide, laissant aussi plus de place à l’expression des sentiments. Preuve en est la présence d’attitudes ou d’arabesques, rares dans d’autres de ses ballets ou bien la présence d’un duo entre deux danseurs, extrêmement intense et délicat. Les belles lumières sculptent les corps des danseurs. Dans Wir sagen uns Dunkles, il y a une autre sensibilité de se rapporter aux corps.
Pour clôturer le programme, Sol Léon et Paul Lightfoot, directeurs artistiques du NDT2 présentent Signing Off, ballet créé en 2003 et Benois de la danse en 2015. Sur la musique du Concerto pour violon et orchestra de Philip Glass, toute la valeur du geste expressif de la danse est à son sommet. Dans cette pièce, les jeunes danseurs du NDT2 montrent déjà toute leur maturité artistique en étant capable de produire une danse où la beauté et la virtuosité de leurs mouvements devient touchante.
Antonella Poli
Chaillot-Théatre National de la Danse, 15 Mai 2019