A Footnote in Ballet History?
Le film, A Footnote in Ballet History ? programmé dans le cadre du Festival Le Printemps de la Danse Arabe (Paris, 22 Mars-28 Juin 2019) et réalisé par Hisham Abdel Khalek, explore le développement du ballet en Égypte pendant la guerre froide. A travers des interviews authentiques avec les artistes, des photos, des vidéos originales d’époque, et surtout grâce aux témoignages de Magda Saleh, « prima ballerina » égyptienne, on découvre à la fois les influences des choix politiques sur le monde de l’art et une partie de l’histoire de danse classique peu connue.
Ses récits authentiques laissent ressortir la personnalité d’une femme forte qui a tout donné pour la danse, soit en tant que danseuse soit quand elle devient directrice du nouvel Opéra du Caire. C’est émouvant de l’entendre parler et de reparcourir avec elle les épisodes les plus marquants de sa vie : ses premiers cours de danse en Egypte, le départ au Bolchoï, la préparation des spectacles, la rencontre avec Serge Lifar, l’incendie de l’Opéra du Caire, ses recherches sur les formes de danse égyptienne, sujet de sa thèse de doctorat. Le film n’est pas seulement un simple documentaire car il nous touche par l’engagement de tous les artistes qui ont permis sa réalisation.
Une grande partie de l’histoire concerne la création en 1959 de l’Institut supérieur du ballet du Caire, dirigée par des professeurs de l’Académie du Ballet du Bolchoï qui s’engagèrent pour former la première génération de stars du ballet égyptiennes. A noter que des personnalités comme Serge Lifar en tant que chorégraphe et Marc Chagall comme scénographe furent invités dans la capitale égyptienne pour monter des spectacles.
Illustrer l’histoire de la danse en Egypte à partir des années 50 devient aussi un moyen pour transmettre les évolutions politiques, les changements culturels intervenus en Egypte lorsque ce pays s’est allié avec les Etats-Unis. Ce qu’il y a de plus touchant dans ce documentaire, c’est de voir comment tous les artistes se battirent pour l’amour de la danse, chose particulièrement difficile pour les femmes car le métier de danseuse était considéré comme contraire aux bonnes mœurs.
Qui est Magda Saleh
Magda Saleh étudia la danse à l’Institut supérieur du ballet du Caire et poursuivit ses études à Moscou avec quatre autres camarades égyptiens. Elle a joué avec les ballets Bolchoï et Kirov (aujourd’hui Mariinsky) en tant qu’artiste invitée. Parmi ses représentations les plus importantes, Don Quichotte et Giselle à Moscou avec le Bolchoï.
Sa carrière de danseuse terminée, Magda Saleh quitta l’Égypte pour les Etats -Unis où elle étudia la danse moderne. Elle obtint un master de l’UCLA et un doctorat de l’Université de New York sur les traditions de danse ethnique égyptiennes.
De retour en Égypte, elle devint professeure et doyenne à l’Institut supérieur du ballet. Elle a également aidé à développer un nouveau centre d’art culturel et fut nommée Directrice du nouvel Opéra au Caire. Mais lorsque le climat politique en Égypte changeât, Saleh retourna aux États-Unis où elle travaille maintenant à New York pour présenter l’art égyptien au public américain et vit avec son mari, Jack Josephson, professeur à l’Institute of Fine Arts de l’Université de New York et spécialisé en égyptologie.
Antonella Poli