47 ème édition du Prix de Lausanne
Du 3 au 10 Février prochains aura lieu la 47ème édition du Prix de Lausanne, un des plus prestigieux tremplins pour les futures étoiles de la danse. Parmi les professeurs invités : Elisabeth Platel, directrice de l’Ecole de Ballet de l’Opéra de Paris (classique filles) ; Patrick Armand, directeur associé de la San Francisco Ballet School (classique garçons) ; Monique Loudières, ex-étoile de l’Opéra de Paris (coaching filles) ; Christian Canciani, chef du Département de Danse, Palucca University of Dance Dresden pour les cours de contemporain. Carlos Acosta sera le Président du jury.
Lors de l’Intermède, le public découvrira la deuxième édition du Projet chorégraphique, avec une création unique de Didy Veldman avec 28 danseurs internationaux réunis à Lausanne au Théâtre de Bealieu et pourra assister à la Variation hongroise d’après Raymonda dansée par Hannah o’Neill, première danseuse de l’Opéra national de Paris, lauréate du Prix de Lausanne 2009.
Le Life time Achievement Award sera attribué à Marcia Haydée, qui, pendant plusieurs années, a été la muse de John Cranko.
Kathryn Bradney, directrice artistique et executive du Prix de Lausanne nous dévoile les nouveautés de cette 47ème édition.
Quelles sont les nouveautés de cette édition, la première sous votre direction ?
K.B. : Je travaille depuis douze ans pour le Prix de Lausanne et en juin 2018 j’ai été nommée directrice artistique et exécutive après 4 mois de direction en intérim. Avant ma nomination, j’avais déjà organisé le jury et invité les professeurs de danse et de coaching pour préparer en amont le travail pour d’éventuels autres candidats.
Parmi les principales nouveautés, je tiens à souligner l’organisation du Suisse workshop Atelier réservé aux danseurs suisse pour les encourager à participer au Prix de Lausanne ; la première édition du stage d’été aura lieu du 8 au 13 juillet. Cet événement s’adresse aux jeunes danseurs suisses et européens. 60 danseurs seront sélectionnés et profiteront de 6 jours de cours de danse classique et contemporaine ainsi que de coaching. Parmi les professeurs, il y aura notamment Clairemarie Osta, Nicolas Le Riche, Oscar A. Cordoba et Armando Braswell. Le dernier jour de la semaine, les danseurs auront la chance de se produire sur scène, avec le groupe de leur âge, et deux d’entre eux pourront être sélectionnés pour le Prix de Lausanne 2020.
J’ai travaillé aussi pour créer de nouvelles formes de rencontre entre le public, les danseurs et le jury. En fait, mercredi 6 février à 17h30, nous organisons une interview avec tous les membres du jury dont Carlos Acosta est le Président et tout de suite après, de 18h45 à 19h15, nous présentons le Projet chorégraphiques des écoles partenaires. Ces deux initiatives sont ouvertes au public.
En complément du programme, nous éditerons aussi un livre destiné à mieux faire connaître tous les candidats. Cette année nous aurons 78 participants (de 15 à 18 ans et 11 mois) dont neuf déjà sélectionnés pendant des pré-selections à New York (à l’occasion du Youth America Grand Prix 2018), à Goiânia (lors de la présélection sud-américaine officielle du Prix de Lausanne), au Brésil et à Saint Pétersbourg (à l’occasion du Vaganova-Prix, en Russie).
Autre nouveauté de cette édition : le direct en streaming de 6 heures par jour réalisé en collaboration avec ArteConcert. Cela permettra de couvrir toutes les parties du monde, de l’Amérique à la Chine ou au Japon. A remarquer aussi la possibilité de suivre, toujours en streaming, le travail du jury dans le Studio 2.
Pouvez-vous nous parler des variations choisies pour le Prix ?
K.B. : Tous les participants sont divisés en 4 groupes : filles groupe A (15-16 ans) et B (16-18 ans et 11 mois) et même chose pour les garçons. Pour le classique, les filles et les garçons du groupe A ont eu le choix parmi 12 variations ; les artistes du groupe B parmi 10. Pour le contemporain, le choix sera parmi 5 variations, dont les créations de Jean Christophe Maillot, Abstract, et celle de Heinz Spoerli, Tom. Coma et Becomings de Wayne McGregor font encore partie cette année des propositions. Solo de Rossini Cards, Furia Corporis de Mauro Bigonzetti et Swan Lake de Richard Wherlock complètent la liste des variations contemporaines. A noter que notamment Abstract de jean Christophe Maillot et Becoming et Chroma de Wayne McGregor peuvent être interprétées par les filles et les garçons, même avec quelques différences.
Comment avez-vous sélectionné les finalistes ? Vous avez visionné plus de 363 vidéos (273 filles et 90 garçons).
K.B. : Les sélections se sont déroulées pendant 4 jours avec un jury de 9 personnes parmi des personnalités connues du monde de la danse. Nous cherchons surtout à évaluer le potentiel de ces jeunes danseurs. Nous ne cherchons pas la perfection ; certainement, nous regardons leur talent, leur expressivité, la musicalité mais nous nous interrogeons sur leur potentiel, sur les qualités qu’ils pourront développer une fois qu’ils rejoindront les plus grandes écoles de ballet pour devenir professionnels. Le Prix de Lausanne reste un tremplin pur ces jeunes danseurs.
Est-ce que vous avez remarqué des spécificités parmi les jeunes danseurs de différentes écoles de danse du monde ?
K.B. La danse est un langage universel avec certaines caractéristiques spécifiques à cet art. La dynamicité des jambes, la fluidité du haut du corps, la capacité de faire poursuivre dans l’espace le mouvement des bras sont des spécificités qui identifient un bon danseur. Il y a des différences, notamment dans le physique des danseurs. En fait, cette année, nous avons des danseurs chinois très grands.
Connaître l’école de provenance ne nous intéresse pas : nous avons sélectionné les finalistes en connaissant seulement leur âge et leur taille, rien de plus.
Vous travaillez pour le Prix de Lausanne depuis douze ans. Quelles différences remarquez-vous entre les danseurs du passé et ceux d’aujourd’hui ?
K.B. : Aujourd’hui, un danseur est capable de se faire remarquer autant dans le classique que dans le contemporain, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Prenons l’exemple du vainqueur du Prix de l’année dernière, Shale Wagman : il a été époustouflant, que ce soit dans la variation classique (Don Quichotte) ou dans la contemporaine de Wayne McGregor. En outre, il faut noter la progression des danseurs asiatiques dans l’expressivité manifestée dans les pièces contemporaines. L’enseignement de la danse en Corée du Sud évolue beaucoup.
Pourquoi n’y a-t-il aucun participant de l’Ecole de Ballet de l’Opéra de Paris ?
K.B. : L’Ecole de l’Opéra de Paris avait été une école partenaire dans les années 70, aux débuts du Prix de Lausanne. Depuis deux ans, nous sommes en négociation pour que cette école puisse collaborer à nouveau. Nous avons une très bonne relation avec Elisabeth Platel, qui a notamment participé au Comité de Conseil du Prix de Lausanne et elle sera présente comme professeur de danse classique pour les filles dans la prochaine édition.
Les membres du jury :
Carlos Acosta CBE*, Président, Carlos Acosta International Dance Foundation – Directeur Artistique, Acosta Danza – Ancien Premier Danseur invité, Royal Ballet, Londres – Lauréat, Prix de Lausanne 1990 – Président du jury, Prix de Lausanne 2019
Ivan Gil-Ortega, Ancien Premier danseur, Stuttgart Ballet – Ancien Premier danseur, Dutch National Ballet – Finaliste, Prix de Lausanne 1994 – Vice Président du jury, Prix de Lausanne 2019
Julio Bocca, Ancien Premier danseur, American Ballet Theatre – Professeur et répétiteur freelance – Membre du jury, Prix de Lausanne 2014 & Président du jury, Prix de Lausanne 2016
Gillian Murphy, Première danseuse, American Ballet Theatre – Lauréate, Prix de Lausanne 1995
Madeleine Onne, Directrice Artistique, Finnish National Ballet – Ancienne Première danseuse, Royal Swedish Ballet
Garry Trinder, Directeur, New Zealand School of Dance
Éric Vu-An, Directeur Artistique, Ballet Nice Méditerranée – Ancien Premier danseur International
Samuel Wuersten, Directeur du Holland Dance Festival, Codarts Arts University Rotterdam, BA/MA Dance Program at Zurich Arts University en Suisse
Miyako Yoshida, Consultante Artistique, National Ballet of Japan – Ancienne Première danseuse, Royal Ballet, Londres – Ancienne Première danseuse, K-Ballet – Lauréate, Prix de Lausanne 1983
*CBE : Commandeur de l’ordre de l’Empire britannique
Propos recuiellis par Antonella Poli