Franchir la nuit

Chorégraphie : Rachid Ouramdane

Distribution : Annie Hanauer, Deborah Lennie-Bisson, Ruben, Sanchez, Leandro Villavicencio, Aure Wachter avec la participation des enfants de l’école Verderet de Grenoble et de l’EPD Le Charmeyran foyer de l’enfance de la Tronche

Rachid Ouramdane, Franchir la nuit,création 2018-ph.Patrick Imbert

 Dans le cadre de la 18ème Biennale de la Danse à Lyon, Rachid Ouramdane propose une création ambitieuse, Franchir la nuit,  pour cinq interprètes et avec la participation d’amateurs, les enfants de l’école Verderet de Grenoble et de l’EPD Le Charmeyran foyer de l’enfance de la Tronche. Cette pièce s’appuie sur une actualité aujourd’hui récurrente, celle des migrants et de leurs enfants fuyant pour diverses raisons socio-politiques leur pays, confrontés à l’exil.

Franchir la nuit, c’est donc affronter la mer Méditerranée, c’est supporter une nuit qui peut être sans lendemain, c’est quitter son pays et compter sur un ailleurs inconnu ; c’est imaginer des rivages accueillants et espérer un avenir meilleur.

Rachid Ouramdane, directeur du Centre chorégraphique national de Grenoble, sensibilisé par l’origine algérienne de ses parents, a rencontré ces enfants migrants, réfugiés dans diverses villes concernées par ces faits. Il prend le pari d’offrir les honneurs de la scène à ces derniers en les intégrant à sa création et donnant un écho à leurs propos nostalgiques et à leurs souhaits.

La mer est là… sur le plateau de l’Opéra.

Elle est à la fois étendue aqueuse animée d’ondes bien réelles ou « marée » montante ou « lac » apaisé recouvrant l’entièreté de la scène et d’autre part photographies poétiques et vidéos projetées sur un écran. Flux et reflux sur le sable, surface miroitante et scintillante, agitée de ridules, déchainement des flots, mais aussi violence des corps exténués, mourants, portés jusqu’à la plage… sont dus au talent du plasticien Mehdi Medacci, sur un fond sonore bruissant du déferlement des vagues ou de clapotis et d’un accompagnement au piano égrenant des notes.

Pour traduire corporellement les émotions et la traversée effroyable de la Méditerranée, danseurs professionnels et enfants amateurs s’expriment dans leur environnement (l’eau, à hauteur de 15 – 20 cm). On assiste à une succession de tableaux chorégraphiques très travaillés : trajets en cercle et dispersion en étoile, solo, duos… et pirouettes giclant des gouttelettes ; mouvements de lutte à contre-courant et de fuite ; silhouettes détrempées, scènes d’enlacement et d’épuisement, de désespoir et d’espoir ; chutes éclaboussées et abandon de soi allongé dans cette mer linceul d’un soir, sauvetage d’enfants… parfois à la limite de la confusion entre la vision simultanée de la danse et de l’image.

Une foule, réunion de tous ces interprètes (une trentaine) accroupis dans l’eau, frappant rythmiquement celle-ci, effectue à l’unisson des gestes symboliques encourageants pour clore la représentation. 

Si le thème de la migration est concernant, si l’évolution exclusivement dans l’eau est un défi, si la participation des enfants est émouvante, l’accumulation des scènes « aquatiques » peut lasser ; elles sont cependant ponctuées de bribes de chants des contrées lointaines quittées et de quelques paroles touchantes des enfants.

Rachid Ouramdane, Franchir la nuit,création 2018-ph.Patrick Imbert

En leur laissant le dernier mot… « Moi, je serai roi ! ». Opéra de Lyon, 21 Septembre 2018 

Jocelyne Vaysse

EN TOURNÉE
– MC2: Maison de la culture – Scène nationale de Grenoble 7-8 nov.2018
– Chaillot – Théâtre national de la danse en partenariat avec le Théâtre de la ville, Paris 15-21 déc.2018
– Théâtre national de Bretagne, Rennes 13-15 mar. 2019
– Théâtre de Lorient – Centre dramatique national, Lorient 22 mar. 2019
– Comédie de Clermont-Ferrand 28 mar. 2019
– Onassis Cultural Center, Athènes (Grèce) avril 2019
– Festival Bolzano danza/Tanz Bozen (Italie) juillet 2019

Partager
Site internet créé par : Adveris