Masterclass Eleonora Abbagnato
Eleonora Abbagnato choisit le théâtre de Paris pour proposer une masterclass ouverte au public avec quatre danseurs du Ballet l’Opéra de Rome dont elle est directrice. L’ex étoile de l’Opéra National de Paris, Benjamin Pech, l’accompagne dans cette aventure. Il s’agit d’une absolue nouveauté, d’une part parceque le Théâtre de Paris s’ouvre à la danse et d’autre part pour le format inédit de cette soirée.
L’ancien lieu parisien qui s’ouvrit au théâtre à la fin du XIXème siècle, après avoir été construit à la fin du XVIIIème siècle, est un bijou. Son élégance et ses formes spacieuses sont des qualités idéales pour accueillir de beaux spectacles de danse.
Venons donc au programme de la soirée. L’idée d’Eleonora Abbagnato se révèle parfaite, elle affirme sa sensibilité au problème de la transmission et la voilà sur scène à guider ses danseurs avec un de ses partenaires préférés. Elle choisit deux Pas de deux sensuels d’après Carmen et Le Parc et deux chorégraphes auxquels elle est artistiquement attachée : Roland Petit et Angelin Preljocaj.
Les premiers à travailler sur scène sont Sara Loro et Michele Satriano, qui cette année avait été nominé pour le Benois de la Danse. Ils répètent le pas de deux entre Carmen et Don José. Les yeux d’Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech posent leur attention sur la signification et la valeur expressive du geste. Les deux jeunes interprètes doivent savoir transmettre toute la passion sur laquelle le pas de deux est fondé. Il y a bien sûr un jeu de séduction et toute la malice de Carmen qu’il faut transmettre au public. Avec toute son expérience et un langage simple mais efficace, Eleonora Abbagnato arrive à la fois à faire atteindre la perfection à ses interprètes et faire rentrer le public dans les coulisses de la construction d’une chorégraphie.
Le deuxième pas de deux est un des plus captivants de l’histoire de la danse. Il s’agit de celui de Le Parc qui se trouve dans la troisième partie du ballet L’Abandon sur le Concerto pour piano et orchestra n.23 de Mozart. Les deux amants, la soliste Giorgia Calenda et le premier danseur Claudio Cocino, doivent faire tomber toutes les barrières et hésitations montrées tout au long du ballet pour se laisser aller à leurs sentiments. Il s’agit d’un type de séduction différent de celui de Carmen. Tout est basé sur l’échange de sensations entre les deux corps qui entrent finalement en contact jusqu’au célèbre baiser « volant ». La gestuelle est très précise, les mouvements sont délicats ; il faut respecter tous ces codes. Après les bonnes corrections techniques et les conseils sur le plan de l’interprétation, Giorgia Calenda et Claudio Cocino font la preuve qu’ils peuvent donner au public une bonne performance.
Une surprise est prévue pour clôturer cette soirée, qui a sûrement un rôle éducatif et qui peut susciter l’intérêt du public qui connait moins la danse : Eleonora Abbagnato et Benjamin Pech, avec leur entente parfaite, dansent le Pas de deux comme ils le firent dans la soirée d’adieux de l’ex-étoile.
Une expérience qui, nous l’espérons, aura un futur car elle permet de saisir et de vivre la danse de manière différente, mais autant passionnante.
Antonella Poli