Prix de la Critique 2018
Hier, au Théâtre Paris La Villette, le collège Danse de l’Association de la critique de Théâtre, de Musique et de Danse a décerné les prix pour la saison 2017/2018. Les lauréats sont :
Grand PRIX-Meilleur Spectacle (Ex-aequo) :
- Finding Now, chorégraphie Andrew Skeels, Commande et production Théâtre de Suresnes Jean Vilar/Suresnes cités danses 2018
- Crowd, chorégraphie Gisèle Vienne, Festival d’Automne Paris 2017
Finding Now
Olivier Meyer, directeur du Festival Suresnes Cités Danses, a confié pour la troisième fois à Andrew Skills une nouvelle création pour la XXVIème édition de Suresnes Cités Danses. Sur des musiques baroques, le chorégraphe invite à réflechir sur le présent pour en profiter totalement. « Toute notre vie, explique le chorégraphe, se développe dans le présent. Nous perdons beaucoup de temps pour essayer de programmer le futur ou regretter le passé. Le présent, pour moi, c’est être complétement ouvert sur ce que nous vivons et profiter de l’énergie qui nous entoure et de toutes les relations qui peuvent naitre entre les êtres humains. A travers la danse, je retrouve cet espace, la paix, la solitude et je m’approprie mon présent ». Finding Now, à travers des images esthétiques et fluides et des passages où les cinq danseurs font preuve de leur maîtrise de la danse hip hop, peut être vraiment vue comme une représentation de différents moments de notre vie, chacun avec ses couleurs et ses émotions.
Crowd
Pièce pour 15 danseurs, Crowd marque la continuité du travail de réflexion de Gisèle Vienne qui, depuis plusieurs années, explore notre part d’ombre et notre besoin de violence. Crowd est une nouvelle étape dans cette recherche d’une singulière constance. La chorégraphie met en lumière (noire) tous les mécanismes liés aux manifestations d’euphorie collective, et « la façon dont une communauté spécifique peut gérer (ou non) l’expression de la violence ».
Meilleure Compagnie : BALLET NATIONAL DU CANADA –
Nijinsky, Transcendanses 2017/18, Théâtre des Champs Elysées, Paris
Fondée par Celia Franca en 1951 essentiellement comme compagnie classique, elle a évolué tout au long des années. Aujourd’hui le Ballet National du Canada a un répertoire qui peut compter sur les noms de plus grands chorégraphes des XXème et XXIème siècle : Sir Frederick Ashton, George Balanchine, John Cranko, William Forsythe, James Kudelka, Jiří Kylián, John Neumeier, Rudolf Nureyev, Glen Tetley, Christopher Wheeldon, Wayne McGregor and Alexei Ratmansky. A côté de ce répertoire plus classique, le Ballet National du Canada, dirigé par Karen Kain, s’engage dans la production d’œuvres plus contemporaines et favorise le développement de chorégraphes canadiens. Dans le cadre de Transcendanses 2017/2018, elle a présenté à Paris Nijinsky, ballet où elle a su révéler la beauté de cette œuvre grâce à tous les interprètes qui nous ont fait partager l’histoire tourmentée d’un génie.(ph.Guillaume Côté, crédits Alexsander Antonijevic)
MEILLEURE PERSONNALITÉ CHOREGRAPHIQUE : Bruno BOUCHÉ,
Directeur du CCN/Ballet de l’Opéra National du Rhin
Nous avions l’habitude de croiser depuis plusieurs années Bruno Bouché comme danseur et parfois chorégraphe à l’Opéra National de Paris. Nous l’avions également apprécié comme créateur depuis 15 ans d’Incidence Chorégraphique, un espace alternatif pour que des danseurs de l’Opéra de Paris puissent expérimenter et rechercher de nouvelles possibilités créatives hors des murs de l’Opéra. Nous l’avons enfin découvert depuis le début de cette saison 2017/2018 comme directeur du Ballet National de l’Opéra du Rhin. Il apporte dans ce lieu, nouveau pour lui, son expérience professionnelle, son écoute constante de ses partenaires, son dynamisme, sa sensibilité et sa gentillesse. Aidé en cela par Eva Kleinitz, la nouvelle directrice de l’Opéra National du Rhin, avec qui il forme un duo artistique plein d’avenir tant au niveau de la programmation que de la diffusion de l’art de la danse en France et en Europe.
MEILLEUR INTERPRETE : HOFESCH SCHECHTER II pour le spectacle Show, ch. Hofesch Schechter,Théâtre des Abbesses 2018, Paris
Huit danseurs âgés de dix-huit à vingt-cinq ans, sélectionnés parmi mille candidats, constituent le groupe Hofesh Shechter II pour cette pièce Show présentée avec un énorme succès au théâtre des Abbesses. Une Pièce reprise la saison prochaine dans le cadre de la programmation du Théâtre de la Ville. Grâce à la jeunesse de ses interprètes et aux gestes d’une froideur maîtrisée, Show prend une autre dimension, elle devient une pantomime musicale qui participe d’un fascinant carnaval des ténèbres, régie par une violence théâtralisée et dansée.
Meilleur Film (Ex-aequo) :
- Béjart, l’âme de la danse de Jean de Guarrigues et Henry de Gerlache, Prod. Alize Production et Gedeon Programmes
- Louise Lecavalier – Sur son cheval de feu de Raymond St.Jean, Prod.Ciné Qua non Média, Distr.Filmoption International
Béjart, l’âme de la danse
Maurice Béjart est sans nul doute le créateur qui a permis à la danse de s’ouvrir au plus grand nombre. A travers quelques ballets emblématiques, des archives inédites et des témoignages actuels, le processus créatif de cet homme aux visages multiples se dévoile. Un homme qui a marqué de son empreinte un siècle et l’âme de la danse à tout jamais.
Louise Lecavalier – Sur son cheval de feu
Le long métrage documentaire propose une plongée cinématographique au cœur de l’œuvre et de la vie de la danseuse et chorégraphe canadienne Louise Lecavalier. Le film raconte l’histoire inspirante de cette créatrice indomptable, qui a révolutionné la danse contemporaine dans les années 1980 avec le chorégraphe Édouard Lock et qui voit aujourd’hui sa carrière en solo s’épanouir sur la scène internationale. À 58 ans, Louise Lecavalier est une icône de la danse, une créatrice unique dont l’art transcende les limites du corps humain.
Meilleur LIVRE (Ex-aequo) :
- Akaji Maro, Danser avec l’invisible, Ed. Riveneuve, 2018
- Isabel Launay, Poétiques et politiques des répertoires – Les danses d’après, I, Ed. CND, 2017
Danser avec l’invisible
Un beau titre pour ce livre qui explore la vie et l’art d’Akaji Maro, un des maîtres de la danse bûto, dont le travail a été présenté cet hiver à la Maison de la Culture du Japon. A force d’accompagner le maître dans ses interviews parisiens depuis plusieurs années et de se rendre deux fois par an dans son studio à Tokyo, Aya Soejima a eu l’idée de ces entretiens. La première partie du livre révèle la vie d’Akaji Maro depuis sa naissance à Nara en 1943, jusqu’à son travail, ces dernières années avec sa compagnie. La deuxième partie du livre, consacrée à sa vision de la danse et du monde, révèle les codes et orientations de ses créations et sa belle philosophie de l’existence.
Poétiques et politiques des répertoires – Les danses d’après, I
Isabelle Launay est Professeur, Responsable du Département Danse-Université Paris 8. Dans cet ouvrage, elle aborde le problème de la mémoire des œuvres dansées avec un regard croisé entre histoire, anthropologie et esthétique. Le livre analyse les conditions politiques et artistiques de leur survie à travers trois cas de figures emblématiques : le répertoire du ballet de l’Opéra de Paris et ceux des chorégraphes Merce Cunningham et Dominique Bagouet.