Agua
Chorégraphie : Pina Bausch
Distribution : Tanztheater Wuppertal
Musiques : musique brésilienne, Baden Powell, Caetano Veloso, David Byrne, Gilberto Gil, Bebel Gilberto, Nana Vasconcelos, Antonio Carlos Jobim, Luiz Bonfa, Bob Brookmeyer, Tom Ze, Grupo Batuque, Carlinhos Brown et Rosanna & ZeIia, Susana Barca, Amon Tobin, Bugge Wesseltoft, Sidsel Endresen, Julien Jacob, Mickey Hart, Tom Waits, Lura, The Tiger Lillies, St Germain, Leftfield, Troublemakers, PJ Harvey, Kenny Burrell and Ike Quebee, Chi-Ling Lui
Ses voyages au travers du monde ont inspiré plusieurs fois Pina Bausch. Ses séjours à Hong Kong, à Madrid, au Chili et en Italie ont forgé ses œuvres empreintes d’une grande sensibilité, humaine et artistique.
Agua, naît d’un séjour de trois mois au Brésil : les couleurs et les rythmes de ce pays rendent cette pièce plus légère qu’à l’habitude mais sur le fond, la chorégraphe ne cesse jamais d’interroger, avec son regard à la fois sévère et riche d’ironie, les sentiments humains et les comportements des hommes, surtout dans les rapports de couple. En particulier, on assiste à une comédie où les interprètes dégagent une forte sensualité et où leurs corps s’expriment en pleine liberté. Théâtre et danse deviennent des éléments inséparables pour mettre en valeur la présence sur scène des danseurs et la force de la chorégraphie qui encore aujourd’hui, plus de dix ans après sa création, reste remarquable. La beauté et le pouvoir de séduction des femmes sont sublimés dans les différents duos où la vigueur des hommes joue aussi sa part. Les situations de vie ordinaires sont toujours colorées par une touche d’originalité qui déborde dans d’autres passages où la recherche de comportements plus extrêmes est évidente.
L’atmosphère du Brésil est toujours présente grâce à des vidéos qui projettent des images de la forêt vierge, de palmiers, ou encore de musiciens avec leurs percussions, ou des voiles qui traversent l’océan. Les musiques de compositeurs locaux donnent le rythme et marquent l’alternance des différentes séquences construites pour nous émouvoir au travers des images et des mouvements. Cet aspect poétique qui arrive à nous livrer des messages immédiats et incisifs reste un des points forts des chorégraphies de Pina Bausch.
Dans le final, les danseurs deviennent acteurs de jeux d’eau, presque comme des gamins sur une plage. Sur le fond, les cascades d’Iguaçu, avec leur force, amplifient l’extase des protagonistes. Cette impérieuse beauté de la nature finit par se montrer menaçante et nous rappelle la fragilité de la vie. Après avoir voyagé dans une atmosphère de paradis, on retrouve ainsi la dimension plus sombre et profonde de la personnalité de Pina Bausch.
Paris, Théâtre de la Ville