Dancing Museums
Chorégraphie : Tatiana Julien
Dancing Museums est un projet européen d’une durée de deux ans qui veut ouvrir une nouvelle forme de dialogue entre la danse et le monde de l’art. Il ne s’agit pas de présenter des créations ou des spectacles (voir les manifestations Monuments en Mouvement ou bien Work/Travail/Arbeid présenté par Anne Teresa de Keersmaeker au Centre Pompidou cette année) mais d’explorer, à travers la danse, de nouveaux liens plus vivants entre le public et les œuvres pour que les musées puissent devenir des espaces de partage.
Il a ses origines dans deux autres importants projets qui se sont développés autour du peintre flamand Jérôme Bosch.
Depuis 2010, la fondation Jérôme Bosch s’est interrogée sur les rapports entre la danse et la peinture et a créé un groupe de recherche interdisciplinaire, en collaboration avec d’autres musées européens, composé d’étudiants et de chercheurs.
En 2013, la Briqueterie CDC Val de Marne, à l’occasion de son inauguration, s’est faite porteuse d’un nouveau projet européen autour de l’œuvre de Jérôme Bosch dont on célèbre cette année l’anniversaire des 500 ans de sa mort. Le B-Projet a été lancé avec le soutien financier de la fondation Jérôme Bosch . Il prévoyait l’engagement d’un groupe d’artistes formé de quatre structures : le Festival Dance Umbrella de Londres (GB), le Festival Operaestate B-Motion de Bassano del Grappa (IT), D. ID Dance Identity à Burgenland près de Vienne et la Briqueterie-CDC du Val de Marne. Kristine De Groot supervise les cinq chorégraphes invités : Jan Martens, Giorgia Nardin, Claire Cunningham, Juan Dante Murillo et Maxence Rey.
Dancing Museums veut aller encore plus loin pour explorer de nouvelles formes de relation entre le public et les institutions muséales, pour permettre de visiter les musées « autrement ». Normalement les visiteurs ont l’habitude de découvrir les œuvres d’art à travers la parole. Ce nouveau projet veut sensibiliser le public à dialoguer avec l’art de manière différente, de façon plus vivante pour ouvrir un questionnement plus personnel, car le rapport est plus direct, les mots imposant un discours déjà formaté.
La France est le pays porteur de ce projet avec La Briqueterie/CDC Val-de-Marne, Le Louvre et Mac Val, auxquels collaborent en tant que partenaires la D.IDS Dance Identity (Pinkafeld) et la Gemaldegalerie der Akademie der bildenden Kunste (Vienne) pour l’Autriche ; le CSC Centro per la Scena Contemporanea (Bassano del Grappa), il Museo Civico & Palazzo Sturm (Bassano del Grappa) et Arte Sella (Borgo Valsugana) pour l’Italie ; le Dansateliers et le Museum Boijmans Van Beuningen (Rotterdam) pour les Pays-Bas ; la Siobhan Davies Dance et The National Gallery (Londres) pour la Grande Bretagne.
Les chorégraphes représentatifs de ces structures sont : Lucy Suggate, Connor Schumacher, Fabio Novembrini, Juan Dante Murillo et Tatiana Julien. Amateurs, étudiants vidéastes et écrivains se rassemblent autour des artistes avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme.
Dancing Museums prévoit des résidences dans chaque pays participant et les formats des performances sont différents selon les lieux qui accueillent les résultats des travaux.
Trois résidences (deux en 2015 et une au début 2016) ont déjà vu le jour : la première à Bassano del Grappa, où les artistes ont investi le Musée Civico et ont proposé des parcours déambulatoires en pleine nature en respectant le site naturel d’ArteSella ; la deuxième à Rotterdam au DanseAteliers et ensuite au Musée Boijmans Van Beuningen parallèlement à l’exposition De Bisch à Bruegel ; la troisième à Vienne.
Le 18 Mars, le Louvre a accueilli Dancing Museums et Tatiana Julien a présenté Prière de ne pas détruire. L’important musée français a aussi participé à ce projet dans le cadre de ses célébrations de l’anniversaire de Jérôme Bosch. On a rencontré des difficultés pour choisir quelle partie du Louvre pouvait accueillir les performances vu l’affluence des visiteurs et la configuration du musée. A la fin, on a opté pour les salles des Antiquités Orientales, un choix riche de significations. Elles gardent la mémoire de notre civilisation qui s’est développée autour de la Mésopotamie et témoignent des traces de l’humanité. De plus, préférer ces salles a eu aussi un sens politique vu la situation actuelle de guerre présente dans le Moyen Orient.
Le titre de cet événement au Louvre est Prière de ne pas détruire. Il est emblématique et peut être interprété comme une exhortation à ne pas faire disparaitre toutes les antiquités qui, encore aujourd’hui, enrichissent cette partie du monde malgré les épisodes de violence et de destruction en cours. L’objectif est de créer un mouvement de pensée, c’est-à-dire une nouvelle approche esthétique autour de l’œuvre d’art, qui peut faire réfléchir le spectateur et lui ouvrir un champ de vision plus large pour instaurer une relation plus personnelle. La danse devient un véhicule de compréhension de l’art grâce auquel le spectateur ne joue plus un rôle passif mais est interpelé par le geste et la musique.
L’affluence du public a été remarquable ; avec Tatiana Julien, onze amateurs, cinq étudiants de l’école du Louvre, deux vidéastes, un écrivain et deux étudiantes ont participé à l’événement. L’attention et l’enthousiasme de tous ont salué cette manifestation qui a su créer de vrais moments intenses où le charme des antiquités a été mis en valeur par l’exécution des performances autour des salles des Antiquités Orientales.
Les prochaines résidences auront lieu du 5 au 15 mai 2016 à Vienne ; du 21 au 26 août à Bassano del Grappa ; du 5 au 14 novembre à Londres ; enfin du 26 mars au 2 avril 2017 à Vitry-sur-Seine, avec une conférence de clôture le 30 mars à l’occasion de la Biennale de danse du Val de Marne.
Merci à Daniel Favier, Directeur de la Briqueterie et à Elisabetta Bisarro, chargée de projets européens, pour les précieuses informations fournies