Don Quixote
Chorégraphie : Rudolf Noureev
Distribution : Leonid Sarafanov, les premiers danseurs et le Corps de Ballet de La Scala de Milan
Musiques : Ludwig Minkus
Ce ballet est un des plus réussi de Noureev pour plusieurs raisons. Tout d’abord pour sa richesse d’un point de vue chorégraphique : variations et danses plus d’ensemble, connues sous l’appellation de danses de caractère s’alternent et rendent vivace le déroulement de l’argument qui est animé par un fort sentiment romantique.
Nous sommes dans l’Espagne du XVIIème siècle. Le ballet s’inspire du célèbre roman de Cervantes (dont on célèbre les 400 ans de la mort) et particulièrement il se concentre sur l’histoire d’amour contrastée de Kitry et Basilio. Le grand mérite du chorégraphe est d’avoir su rendre royales certains passages techniques, au milieu d’une ambiance colorée par l’ironie caractérisant certains passages.
D’ailleurs, il semble à la fois une tragédie et une comédie où des moments de malice ne manquent pas. Mais la danse reste l’élément qui nous enchante.
Pour Noureev, Kitry est une princesse non seulement une simple fille d’un village espagnol. Pour elle, il conçoit des variations où la richesse et la beauté de la danse classique sont mises en valeur : jetés, arabesques penchés, fouettés marquent l’interprétation de la première danseuse de La Scala. Nicoletta Manni a été excellente dans ce rôle grâce aussi à son tempérament qui lui a permis de révéler le caractère aux mille facettes de son personnage. A ses côtés il y avait Leonid Sarafanov, l’étoile russe pour lequel le rôle de Basilio reste un des plus préféré. Dès premiers pas, il montre toute sa maîtrise de la technique accompagnée par une très claire élégance des mouvements. Son physique agile lui permet de se mettre en valeur surtout dans le saut.
Un autre moment important de ce ballet reste sans doute le deuxième acte, celui des « Dryades ». Il ne s’agit pas d’une coupure avec le reste de la scénographie. Il représente presque un passage obligé. Le public voyage dans un monde onirique, le rêve de Don Quixote. Et Noureev a toujours aimé consacrer dans ses ballets des moments qui s’éloignent du l’argument du ballet pour plonger dans des atmosphères plus irréelles. Virna Toppi était la Reine des Dryades, Antonella Albano Amour et Nicoletta Manni Dulcinea.
Comme nous l’avons souligné, l’intérêt de ce ballet naît aussi de ses riches moments de danses d’ensembles : le fandango du premier acte et la danse des gitanes au début du deuxième acte sont deux exemples marquants. Vittoria Valerio et Margo d’Agostino dans la première et Antonino Sutera avec Emanuela Montanari et Debora Gismondi ont créé de bons moments de danse, qui ont exalté la construction dramaturgique de l’œuvre.
A ne pas oublier la musique de Minkus qui avait été créée avec grande attention et qui devait jouer un rôle important pour la valorisation des différentes scènes du ballet. En fait, selon les désirs de Petipa, auteur en 1871 de la première version de Don Quixote, le musicien avait adapté à la perfection ses partitions pour qu’elles puissent illustrer et suivre l’argument du ballet. Ses musiques caractérisent les personnages, elles font partie de la narration et elles marquent de par ses changements de sonorités et de timbres l’alternance des atmosphères sur scène à la fois comiques, mélancoliques ou bien joyeuses. Le compositeur donne libre cours à sa fantaisie parmi jota, fandango, boléro et seguidillas sans oublier les valses et les morceaux festifs comme celui qui accompagne les noces de Kitry et Basilio. A la fin de la représentation on reste enchanté par autant de beauté et de richesse chorégraphique qui ne nous font pas oublier le rôle que la danse classique peut encore aujourd’hui jouer pour la diffusion de cet art.
Au Théâtre La Scala de Milan jusqu’au 1 Avril